Homélie du 8 septembre 2018

Textes :

 

Frères et sœurs, aujourd’hui et même si certains sont encore en vacances, nous célébrons la rentrée de notre ensemble paroissial ! Venus d’Arnage et d’Allonnes, mais aussi de plus loin, nous sommes heureux d’accueillir le Père Paul Antoine-Drouin, vicaire général de notre diocèse et les 3 séminaristes de notre diocèse qui vivent aussi aujourd’hui leur journée de rentrée. Nous accueillons un certain nombre des enfants qui ont été baptisés dans l’année  et tous les enfants et jeunes qui veulent présenter à Dieu leur rentrée scolaire. Nous sommes heureux aussi d’avoir avec le groupe de la Joc qui vient de vivre un temps de révision de vie… Toc, toc, toc…

Qui êtes-vous ?

Homélie :

Frères et sœurs, nous sommes réunis ce soir pour nous redire la joie d’être ensemble et d’accueillir de nouveaux membres pour, ensemble, vivre de Jésus et témoigner de lui au cœur du monde.

Dieu nous dit, par le prophète Isaïe : « Soyez forts, ne craignez pas ! »

Nous avons bien conscience d’être un petit peuple au cœur de la communauté humaine de nos deux cités d’Allonnes et d’Arnage ! Cela ne doit pas nous décourager mais nous inviter à l’ouverture et à la rencontre…

Autrefois, en France, l’Église était une institution presque toute puissante. Elle faisait presque la pluie et le beau temps et dictait la conduite à tenir à une très grande partie de la société… Il suffisait d’entrer dans le rang pour savoir où aller et comment se comporter…

On avait de l’Église, une image si hiérarchique qu’on avait presqu’oublié notre responsabilité de baptisés… On s’en remettait facilement aux évêques et aux prêtres qui étaient encore des personnalités respectées et écoutées… On suivait le mouvement sans trop poser de questions… La société était fortement structurée et garez à celui qui ne marchait pas droit…

Il parait que certains, prêtres ou même laïcs, un peu nostalgiques, regrettent cette époque où les choses semblaient plus faciles… La vie était plus simple disent-ils et les relations entre les personnes mieux encadrées…

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ce n’est pas mon cas !

Est-ce d’ailleurs vraiment ce que le bon Dieu attend de nous ? Je ne crois pas…

Quand on écoute les textes de la Parole de Dieu que nous venons d’entendre, c’est un autre son de cloche… Saint Jacques bouscule les codes mondains sans ménagement… demandant qu’au sein de nos communautés, il ne soit pas fait de différences entre nous ! Rappelez-vous la Parole de Jésus aux disciples « Les grands font sentir leur pouvoir !… Parmi vous il ne doit pas en être ainsi ! » (Matthieu 20,26)

Le Psaume nous rappelait quant à lui, combien Dieu prend le parti des opprimés, des affamés, des enchaînés… parce qu’il aime les justes et protège l’étranger, la veuve  et l’orphelin…

C’est à chacun d’entre nous, au nom de notre baptême qui fait de nous des membres du corps du Christ, de nous emparer de ces paroles et de les incarner dans la vie d’aujourd’hui !

Les prêtres et les évêques, sont là, à notre service, pour rassembler l’Église dans l’unité, autour du Christ pain de vie et nourrir notre engagement… Et si certains clercs veulent s’ériger en maîtres à penser ou abuser du service qu’ils ont reçu pour le transformer en pouvoir d’asservissement, nous avons le droit et le devoir de les rappeler gentiment à l’ordre…

La Bonne Nouvelle de Jésus nous est confiée à nous tous baptisés.

Mais n’oublions pas qu’elle ne nous a pas été confiée pour que nous en fassions des conserves ou de la confiture à usage interne, ou que nous la transformions en pièce de collection exposée dans les musées et étudiée par d’éminents spécialistes, mais bien pour que nous la servions en nourriture de fête à nos contemporains !

N’ayons pas peur de notre mission… !

Conscients de nos nombreuses imperfections ou de celles de nos prédécesseurs nous devenons parfois timorés devant nos frères…

Les récents scandales, intolérables il est vrai, qui éclaboussent notre Église aggravent encore la situation… Certains d’entre sont tentés de fuir ou de jeter l’éponge, en balançant le bébé avec l’eau du bain ! D’autres semblent se recroqueviller sur eux-mêmes, dans une relation intimiste avec un bon Dieu taillé à leur mesure…

Ce n’est pas ce que Dieu attend de nous !

« Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour que par Lui le monde soit sauvé ! » nous dit Saint Jean (Jean 3,17)

C’est à nous, peuple de baptisés dans son ensemble, aussi petit qu’il puisse être, qu’il revient de faire le travail du Christ, aujourd’hui…

Ce travail, avons-nous compris dans l’Évangile de ce jour, consiste à « faire entendre les sourds et parler les muets ».

Jésus quitte le territoire où il se trouve pour plonger « en plein territoire de la Décapole » on pourrait dire en d’autres termes « au cœur du monde païen ». Jésus annonce la Bonne Nouvelle en ouvrant les yeux des aveugles et les oreilles des sourds ! Qu’est-ce à dire ?

Il ne s’agit pas de faire de l’esbroufe ou de nous mettre en avant, mais de donner la Parole aux gens en leur faisant comprendre que cette Parole habite déjà en eux.

« Effata (Ouvre-toi) »… Il y a en toi quelque chose de plus grand que toi qui ne demande qu’à s’ouvrir ! Voilà la Bonne Nouvelle !

Ce n’est pas nous qui déposerons en nos frères le germe de la Parole de Dieu. Ce « quelque chose qui est appelé à s’ouvrir en eux » y est déjà présent depuis leur conception dans le ventre de leur mère. Depuis le jour où ils ont été créés à l’image de Dieu et appelés à sa ressemblance…

Ce dont l’humanité a besoin, c’est du regard de Dieu sur elle qui lui permet de prendre conscience de sa dignité… Un regard aimant qui permettra « l’éclosion » de ce qu’ils sont au plus profond d’eux-mêmes…

Si le Christ fait de nous les membres de son corps par le baptême (Marie et Emilie écoutez bien !), C’est parce qu’il a besoin de nos yeux pour regarder le monde aujourd’hui…

Apprenons donc de Lui à regarder le monde qui nous entoure… Apprenons à aimer nos contemporains pour ce qu’ils sont en eux-mêmes et non seulement en fonction du fait qu’ils peuvent devenir chrétiens.

Leur conversion éventuelle ne dépend pas de nous et, je dirai même ne nous regarde pas ! C’est entre Dieu et eux qu’il se passera ou non quelque chose…

Notre travail à nous c’est de leur donner accès à la Bonne Nouvelle de Jésus, la Bonne Nouvelle qu’est Jésus… Le Pape Benoit XVI disait que le travail de l’Église consiste en « l’annonce de la Bonne Nouvelle de la filiation divine de tout être humain ! »

Le moyen qui nous est donné de faire savoir à nos frères et sœurs humains qu’ils sont fils et filles de Dieu, c’est de les considérer réellement comme tels et donc de vivre en frères avec eux…

Alors, la question est : Aimons-nous réellement nos contemporains ?

Qu’en est-il déjà, au sein de notre propre communauté ?

Portons-nous les uns sur les autres un regard bienveillant et fraternel ? Ne sommes-nous pas trop souvent soupçonneux et cassants les uns envers les autres… ?

Aimer, c’est vouloir le bien de l’autre… Ce n’est pas forcément qu’il devienne comme moi !

Il y a mille et une manière d’être un type ou une fille bien et cela, au lieu de m’inquiéter, doit me réjouir !

Aimer c’est regarder l’autre avec le regard du Christ et le voir en vérité, pour ce qu’il est en lui-même et non pour moi ! C’est lui permettre alors, d’épanouir le meilleur qui est en lui-même et auquel je pourrai puiser la joie qui manque à la mienne…

Si nous apprenons à nous aimer les uns les autres en vérité, peut-être pourrons-nous alors regarder nos contemporains avec un regard renouvelé et emprunter avec eux les chemins de la fraternité. Alors nous pourrons voir ce qu’annonce Isaïe : « l’eau jaillir dans le désert et les torrents dans le pays aride… »

C’est ce que je souhaite à chacun d’entre nous en ce jour de rentrée de notre ensemble paroissial ! Travaillons ensemble à « changer la région de la soif en eaux jaillissantes ! »