Homélie du 5 janvier 2020

Textes :
   Is 60, 1-6
   Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13
   Ep 3, 2-3a.5-6
   Mt 2, 1-12

« Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi… »

Très clairement les textes d’aujourd’hui nous invitent à la fête et au rayonnement. Jésus manifeste sa gloire. C’est d’ailleurs le sens du mot épiphanie qui veut dire “manifestation” non pas au sens de celles qui se déroulent  actuellement à l’appel des syndicats, mais au sens de “révélation”, “dévoilement” de ce qui était caché…

Quelque chose m’a sauté aux yeux en préparant mon homélie cette année.

Je n’avais jamais vraiment remarqué que ce sont des étrangers, venus d’Orient, qui permettent aux habitants de Jérusalem d’ouvrir les yeux à la bonne nouvelle de la naissance de Jésus.

« Voici que des mages venu d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : “Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’Orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

La suite est étonnante : « En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. »

C’est curieux, non ? Le peuple élu, tendu soi-disant de tout son être vers la réalisation de la promesse de Dieu, est bouleversé quand des étrangers surgis du désert viennent l’asticoter, le réveiller, le remettre en face de sa vocation messianique…

Comme il arrive souvent quand on apprend une nouvelle brutale de manière impromptue, le “tout Jérusalem” se met à paniquer.

C’est comme s’il avait oublié la promesse et s’était quelque peu assoupi à la manière des vierges folles de l’Évangile.

Hérode est inquiet… Il faut dire qu’il est plus facile au politicien qu’il est de régner sur un peuple qui attend la venue hypothétique d’un Roi Messie, que de le voir surgir ce Roi. Forcément il va rebattre les cartes et mettre en péril l’ordre établi et son cortège d’avantages acquis !

Alors, info ou intox ? Il faut absolument vérifier. Les fake-news n’ont pas été inventées au 21ème siècle !

Hérode, fait appel aux grands prêtres et aux scribes pour fouiller dans la mémoire collective, le trésor des écritures… Et, surprise : c’est bien de Bethléem en Judée que doit sortir un chef qui sera le berger du peuple d’Israël. Les écritures sont formelles.

La panique augmente…

On aurait pu s’attendre à une explosion de joie… : Enfin la promesse se réalise !… C’est le contraire qui advient et voilà qu’Hérode met sur pied un plan machiavélique pour faire obstacle à ce qui pour lui est une mauvaise nouvelle.

Refusant de reconnaître Dieu présent dans l’enfant de Bethléem, il essaye plutôt de transformer les messagers de Dieu en collaborateurs inconscients de ses services de renseignements… C’est prendre Dieu pour un enfant !

Insensible à la politique politicienne d’Hérode, l’humble foi des Mages les fait se remettre en route et, nous dit Matthieu, « quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.»

Joie très pure et très simple que l’on trouve chez ceux que leurs richesses ou leurs connaissances n’encombrent pas et qui ont su garder un cœur d’enfant. Arrivés au terme de leur longue quête, dans un geste quasi liturgique, ils se prosternent et offrent : de l’or au roi auquel ils sont venus faire allégeance, de l’encens pour le prêtre qu’ils reconnaissent en Lui, de la myrrhe pour celui qui partage notre condition mortelle…

La « messe étant dite » Dieu, qui n’est pas un enfant, leur suggère alors de retourner chez eux par un autre chemin ! Dans sa crèche, Jésus sourit du bon tour que son Père a joué à celui qui se fait pourtant appeler Hérode le Grand !… L’enfant Dieu sait bien, lui, que son Père n’est pas un enfant !

Son sourire malheureusement ne durera pas…

Au lieu de voir les chameaux de Madiane et d’Epha continuer d’envahir Jérusalem, ramenant au pays les fils et les filles de Dieu revenus de loin, c’est lui qui devra prendre la route de l’exil en Égypte pour fuir la colère d’Hérode. Elle est souvent aveugle et terrible la colère des grands quand ils sont humiliés et, Rachel a beau pleurer, ce sont toujours les innocents qui payent !

Après tout, c’est bien pour ça qu’il est venu Jésus, dont le prénom signifie “Dieu sauve” ! Il est venu rejoindre l’humanité au plus profond de sa misère et, prenant sur lui le poids du péché, il est venu « délivrer le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Avoir souci du faible du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie.» C’est ce que nous avons chanté dans le psaume tout à l’heure.

Puissions-nous retenir comme leçon de cette fête de l’Épiphanie que :

  1. Les étrangers de tout poil ont beaucoup de choses à nous apprendre…
  2. Les évènements qui nous surprennent ne sont pas forcément dangereux…
  3. Les grands de ce monde ne sont pas forcément ceux qui se prétendent tels…
  4. Quelles que soient nos capacités ou nos limites, ce n’est que dans une attitude d’humilité qu’on entend Dieu qui parle…
  5. En Jésus la gloire du Seigneur s’est levée sur la Terre entière et, comme nous le dit St Paul, « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile

Alors, qui que nous soyons, n’ayons pas peur d’annoncer l’Évangile ! Puissions-nous faire de cette année 2020 une année vraiment missionnaire pour notre ensemble paroissial !