Homélie du 28 novembre 2021 (Michel)

Lecture du livre du prophète Jérémie (Jr 33, 14-16)

      « Je ferai germer pour David un Germe de justice »

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens  (1 Th 3, 12 – 4, 2)

    «  Que le Seigneur affermisse vos cœurs lors de la venue de notre Seigneur Jésus »

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 21, 25-28.34-36)

   « Votre rédemption approche »

Nous commençons une nouvelle année liturgique.

Nous sommes peut-être plutôt habités du sentiment de FIN. Nous nous préparons aux fêtes de fin d’année…  Sans généraliser, ne sommes-nous pas désappointés face à ces nouvelles qui ne sont pas franchement les prémices d’un monde meilleur !

Avons-nous le cœur des parents qui attendent la naissance imminente du petit qu’ils ne connaissent qu’à travers l’échographie. Ils aspirent à découvrir son visage, à le prendre dans leurs bras ? 

Sans doute la maman connait-elle mystérieusement  cet être qu’elle porte en son sein, plus que ce qu’en révèle l’échographie …

Une question  m’habite :

« Qu’est-ce que ce petit être entrevoit déjà de son existence, et de celle de sa maman ? »

Le jour où il va quitter ce ventre chaud, nous parlerons  d’une naissance ? Tout ne commence pas pourtant. Il quitte le corps d’un être qui l’a conçu  pour devenir un être autonome. Il est déjà né à la vie dès sa conception : il va naître à la terre. Etre original, unique. Nul ne peut choisir son destin.

IL doit croitre, grandir… mais déjà  il s’ouvre à un avenir.

IL n’est pas habité lui, du sentiment de FIN. Il peut pleurer, ou sourire…

Mais tout commence !

Cette expérience, Jésus l’a vécu.

Comment s’est-il construit ? Quelle ambition l’animait ?

A-t-il été habité de ces sentiments que nous connaissons ? La joie, la tristesse, le doute…

A-t-il  éprouvé la rancœur ou était-il débordant de bienveillance?  

Si sa vie a été brève, sa vie a été remplie. Sa résurrection donne à sa vie une fécondité comme nulle autre. C’est LUI le rayonnement de l’Astre du ciel qui donne une âme à la femme et à l’homme.

Tout au long de l’année liturgique nous entrons dans ce quotidien de Jésus, l’expérience humaine et spirituelle que Jésus a partagé avec ses proches ; l’expérience de celles et ceux qui ont fait le choix de le suivre dans sa relation à Dieu et aux hommes. Il nous entraine dans sa manière de  construire le royaume au présent, et de s’abandonner par amour , faisant l’offrande de sa personne .

Ainsi, en entrant dans ce temps de l’Avent, nous faisons mémoire de la manière dont l’humanité a progressé, vécu sa croissance, comme le petit vit sa croissance jusqu’à l’âge adulte.  

Mais l’humanité n’est pas encore parvenue à sa pleine maturité…  Elle doit grandir encore !

La venue de Jésus a contribué et contribue toujours à faire grandir l’humanité.

Comme cela se passait  avant Jésus,   au temps de Jésus,  aujourd’hui encore et demain, l’humanité a connu et connait des évolutions heureuses, peut-être lumineuses, mais aussi des reculs, des heures ténébreuses.

Si les parents lâchaient leur ado qui part de travers, comment celui-ci pourrait-il se relever et retrouver la bonne direction ?  Des parents  jouent leur rôle quand ils invitent leur enfant à se donner des perspectives. Ils ne seraient pas crédibles s’ils n’étaient habités d’espérance. Mais il y a une condition à deux niveaux : ce jeune doit faire confiance à ceux qui ont les épaules assez solides pour le relever, mais il doit comprendre aussi  que la confiance de ses parents est vaine s’il ne se rend pas  digne de confiance.

C’est ce que Dieu vit à l’égard de chacune et chacun de nous. C’est la révélation que Jésus nous fait.  Plus encore, il nous appelle à faire de lui notre compagnon dans les marches ou démarches que nous entreprenons, comme ce chemin de l’Avent.

Si nous avons le sentiment  que tout est vain…  ou que nous allons vers le crépuscule, invoquons Marie et Joseph qui en répondant à l’appel de Dieu, ont fait de leur vie la crèche du Sauveur,

rejoignons le champ des bergers qui, au cœur de la nuit, entendent la voix du Seigneur qui leur dit : « Allez sans crainte déposer votre vie entre les mains du Sauveur ».

Rejoignons les Mages, symbole de cette mondialisation qui peut « dévorer ou broyer les faibles, mais symbole aussi de la capacité des peuples à faire route ensemble pour  le bien de tous.  

Nous avons célébré la fin de l’année liturgique dimanche dernier – fête du Christ Roi de l’univers.   Le ressuscité !

Celui que Dieu annonce par Jérémie : «  Je ferai germer pour David un Germe de justice ».

Le ressuscité a été d’abord l’enfant fragile sur la paille mais entouré d’amour.

Une année liturgique commence !  Eveillons-nous ! Levons-nous !

Michel Dubois