Homélie du 27 mai 2018

Textes :

Aujourd’hui, nous célébrons la profession de foi de nos jeunes amis et le baptême de Valentina, mais nous le faisons le jour où l’Eglise toute entière fête la Sainte Trinité !

Voilà une question bien compliquée… C’est quoi la Sainte Trinité ?

Dans le mot Trinité on entend “Tri” qui nous renvoie à 3 et “unité” qui nous renvoie à 1“Tri/unité”… en voilà un drôle de mot !

Il faudrait savoir : un ou trois ? Un ou plusieurs Dieu ?

Les théologiens des premiers siècles du christianisme ont failli y perdre leur latin et même leur grec (!) avant d’arriver à formuler le “Je crois en Dieu” que nous allons redire ensemble avec vous les enfants à l’occasion de votre profession de foi et avec les parents et le parrain  de Valentina qui auront pour tâche de l’aider à vivre en chrétienne

Les Musulmans, tellement attachés à l’unicité de Dieu, rejettent l’idée de Trinité parce qu’ils croient que cela sous-entend que Dieu serait multiple…

Or, ce que nous disons quand nous parlons de Trinité, ce n’est pas que Dieu est multiple, c’est que Dieu, dans son unicité absolue, est “communion de trois personnes“. Ces trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, n’existent qu’en union avec les deux autres dans une parfaite et infinie relation d’amour… La Trinité n’est pas la réunion ou l’association de trois dieux qui auraient mis leurs intérêts en commun pour être plus efficaces !

Non, la Trinité c’est l’expression parfaite de l’Amour qui, par définition, est relation

En Dieu, parce qu’il est Dieu et parfaitement unique, la relation du Père avec le Fils et du Fils avec le Père est absolument parfaite. C’est un amour absolu, incréé, sans aucune limite ni réserve…

Ce qui nous rend les choses difficiles à comprendre c’est notre condition de créatures. Seul Dieu est incréé et c’est d’ailleurs pour cela que nous l’appelons Dieu.

Nous qui sommes créés, nous sommes incapables de “comprendre Dieu”… Dieu peut nous comprendre, mais pas l’inverse…

Je m’explique : Com/prendre cela veut dire prendre avec, “mettre dans sa tête”, con/tenir, Pour contenir quelque chose, le contenant doit être plus grand que ce qu’il contient sinon, ça le dépasse, ça n’entre pas !…

On raconte qu’un jour, il y a bien longtemps, le grand Saint Augustin, travaillait à la rédaction de son ouvrage sur la Trinité. Fatigué il décida d’aller se détendre à la plage, en effet il habitait à Ostie, pas loin de la Méditerranée. Il aperçoit un enfant qui avait creusé un trou dans le sable et qui faisait d’incessants aller-retour entre la mer et son trou avec un petit seau. Augustin lui demande : « A quoi tu joues ? » Et l’enfant de répondre : « A la même chose que toi !… : J’essaye de mettre l’océan dans le petit trou que j’ai fait dans le sable ! » Voyant le regard étonné et un peu moqueur de Saint Augustin, l’enfant lui déclare : « Tu essayes bien de mettre la Trinité dans ta petite tête !… »

La Trinité c’est un mystère… Au sens chrétien du terme, un mystère c’est quelque chose qu’on ne peut pas totalement comprendre, mais qui permet de mettre en lumière la réalité et le chemin que nous avons à vivre. Un peu comme le soleil qui éclaire notre chemin, mais que nous ne pouvons pas regarder en face sans être aveuglé parce que sa lumière dépasse nos capacités…

Comme  le soleil, le mystère de la Trinité met en lumière notre vocation d’homme et femmes appelés à l’amour infini, sans réserve et sans retenue…

On ne trouve pas le mot Trinité dans l’Evangile et encore moins dans le Premier Testament… mais c’est la venue du Fils éternel de Dieu en ce monde, en la personne de Jésus, qui nous permet d’approcher ce mystère d’amour…

Par sa parole et par sa vie, Jésus nous révèle que Dieu est Père et il nous promet « l’Esprit qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu» comme nous avons entendu dans la deuxième lecture… Cet Esprit en qui nous crions “Abba”, “Père” en nous tournant vers Dieu.

C’est cet Esprit, reçu au jour de notre baptême qui fait des enfants de Dieu que nous sommes, « les héritiers de Dieu avec le Christ »

En demandant le baptême, pour nous ou pour un enfant, ou en renouvelant cet engagement au jour de notre profession de Foi, nous signifions que nous voulons nous inscrire au sein même de la Trinité, au cœur de cette relation d’amour qu’est Dieu…

Reconnaissant que nous sommes créés à l’image du Dieu d’amour, nous voulons apprendre de lui ce que veut dire aimer, en nous mettant à l’école de Jésus dont nous sommes devenus membres par notre baptême…

Alors, attention, il y a bien des façons d’aimer :

  • Quand je dis à une tarte au citron : “je t’aime”, mon objectif c’est de la manger et de ne rien en laisser si possible ! Je ne lui demande pas son avis à la tarte au citron…
  • Quand je dis à un copain : “je t’aime”, cela veut dire : “je suis content d’être avec toi et je suis content quand tu es content…” Il ne s’agit plus ici de “bouffer” mon copain, mais de partager avec lui le plaisir d’être ensemble… D’ailleurs si l’un d’entre nous fait à l’autre quelque chose qui ne lui plaît pas… L’autre va dire facilement : “Je ne t’aime plus…” ou bien “Tiens, tu vois bien que tu ne m’aimes pas…, tu n’as même pas été capable de faire ceci ou cela pour moi !…” On voit bien alors qu’il s’agit d’une relation entre deux personnes et qu’il va falloir que chacun y mette du sien ou fasse un effort pour que la relation reste bonne…
  • Quand un papa ou une maman dit à son enfant : “Je t’aime…” (Ce n’est malheureusement pas toujours le cas… Et nous devons rendre grâce à Dieu si nous avons la chance de vivre l’amour dans notre famille tout en restant attentifs à ceux qui n’ont pas cette chance et en cherchant comment partager avec eux l’amour que Dieu met dans notre vie…) Quand un papa ou une maman dit à son enfant : “Je t’aime…” cela veut dire : “Je t’ai donné la vie, tu es sorti de moi ou au moins je t’ai donné le meilleur de moi-même, et je voudrais que tu continues à grandir dans les meilleures conditions possibles… Je suis prêt à faire l’impossible pour toi…” Parfois c’est même exagéré et comme l’amour rend aveugle, certains parents sont prêts à accepter n’importe quoi de la part de leurs enfants en oubliant de leur rappeler que devenir un homme ou une femme c’est un travail qui demande des efforts…
  • Quand Dieu dit à l’homme : “Je t’aime…” cela veut dire : “Tu es sorti de moi, tu es un fils ou une fille à mon image, je t’ai donné la liberté pour que tu inventes la manière de me ressembler quelle que soit la vie que tu auras choisie de vivre… et je voudrais tant que tu apprennes à aimer comme moi, en donnant ta vie pour tes amis…”

Vous avez entendu tout à l’heure dans la première lecture : « Interroge donc les temps anciens qui t’ont précédé […/…] A-t-on jamais connu rien de pareil ? Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu […/…] Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation comme tu as vu le Seigneur ton Dieu le faire pour toi en Égypte ? »

Aucun dieu ne nous aime comme Dieu nous a aimés !

Le psaume que nous avons chanté, nous rappelait d’ailleurs l’amour de Dieu et sa fidélité envers nous…

Alors, à l’invitation de Saint Paul, « laissons-nous conduire par l’Esprit de Dieu.» Nous n’avons pas reçu un Esprit qui fait de nous des esclaves et nous ramène à la peur ; mais un Esprit qui fait de nous des fils… Alors prenons au sérieux et avec courage  l’appel de Jésus : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.»