Homélie du 25 aout 2019

Textes :

Les textes de la liturgie de ce jour nous rappellent notre vocation à la mission universelle ! Nous sommes chrétiens pour témoigner au monde entier en commençant devant notre porte et jusqu’aux extrémités de la terre.

Témoigner d’accord, mais témoigner de quoi ? Le refrain du psaume proposé par la liturgie d’aujourd’hui nous dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile. » Évangile en grec signifie « Bonne nouvelle »…. Qu’avons-nous de bon et de nouveau à annoncer au monde, aujourd’hui ?

La première lecture, quant à elle, annonce que le projet de Dieu est de « rassembler toutes les nations, de toute langue ». Pour cela Dieu Il va « envoyer des rescapés vers les nations les plus éloignées pour y annoncer la gloire de Dieu ».

C’est donc la Bonne Nouvelle de la Gloire de dieu que nous avons à annoncer.

Notons que la gloire de Dieu n’a rien à voir avec la gloriole dans laquelle se complaisent nombres de “stars” aujourd’hui ni avec la puissance économique que l’actuel rassemblement du G7 semble mettre en avant !

La gloire de Dieu, littéralement, c’est “le poids” qu’il a dans notre existence… Annoncer la gloire de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous consistera donc à témoigner au quotidien, sans vergogne ni “m’atuvisme !”, que Dieu est le Seigneur de ma vie

L’objectif de ce témoignage n’est rien moins que de : « Ramener tous nos frères… jusqu’à la montagne sainte du Seigneur »…  Dieu promet  même de prendre parmi ces frères “des prêtres et des lévites… »

En ces temps de disette ecclésiale, sachons entendre cet appel à l’espérance fondé sur la fidélité de Dieu…

Quelques chapitres plus tôt, Isaïe s’écriait au nom du Seigneur : « Crie de joie, femme stérile, toi qui n’as pas enfanté !… Car les fils de la délaissée seront plus nombreux que les fils de l’épouse.» (Is 54,1) Il nous invitait au cœur de l’apparente désolation, à manifester l’espérance : « Élargis l’espace de ta tente, déploie sans hésiter la toile de ta demeure, allonge tes cordages, renforce tes piquets ! » (Is 54,2)

AU moment on beaucoup parle de réduire la voilure et de se replier sur nous-mêmes, c’est une vraie provocation.

Ouvre grandes les portes ! Fais de la place ! Prépare-toi à accueillir les foules venues de toutes nations et de toutes langues… ! Dieu qu’on est loin des discours frileux et de plus en plus xénophobes de notre Occident vieillissant qui a perdu le sens du bien, pour ne pas dire le simple bon sens !!!

Du milieu des nations j’enverrai des rescapés vers les nations les plus éloignés ! C’est comme si Dieu disait : « Puisque tu ne fais plus ton boulot, alors je vais prendre des étrangers et leur confier mon projet que tu  ne veux plus servir…» : faire de toutes les nations un peuple de frères… Parce que c’est ça, la Bonne Nouvelle…

Par la bouche d’Isaïe Dieu promet : « Je mettrai en elles un signe ! »

Quel est donc ce signe ? Pour nous chrétiens, il est facile de l’identifier au Christ posé comme un signe au milieu des nations, Lui, « l’ainé d’une multitude de frères » (Rm 8,29).

Le Christ n’est pas seulement notre frère à “nous-nous” les chrétiens. Il est le Frère Universel !

Si nous voulons être fidèles aux engagements de notre baptême c’est bien de Jésus Frère Universel, que nous devons témoigner…

Tout à l’heure, par notre communion au Corps et au Sang de Jésus, nous allons célébrer et renforcer notre appartenance au corps mystique du Christ qu’est l’Église

Pour certains, c’est devenu tellement habituel qu’ils oublient que c’est “énorme” pour utiliser une expression à la mode ! C’est énorme et cela engage notre manière de vivre au quotidien…

Pour d’autres, ils voient dans la messe quelque chose d’ennuyeux ou de répétitif et ne voient pas l’intérêt d’y perdre leur temps… Alors, le dimanche matin, ils préfèrent faire la grasse matinée, faire du footing, s’occuper de leur jardin, bichonner leur voiture où que sais-je ? Ils se cachent très vite derrière le fait que le sermon du curé est ennuyeux, que la chorale est ceci ou cela, que le langage de l’Eglise est décalé par rapport à celui de notre temps ou qu’il y a des gens qui vont à la messe et se comporte mal alors on ne voit pas à quoi ça sert d’y aller (!)

Dans tout cela ils oublient que la messe c’est Dieu qui vient à notre rencontre pour nourrir notre vie de foi… et ce, quelle que soit la qualité de la liturgie ou du célébrant…

Il est bien évident qu’il ne suffit pas de venir à la messe pour être bons chrétiens, mais comment rester chrétien sans puiser à la source ?

Vous connaissez l’adage : « il faut manger pour vivre et non vivre pour manger ». Eh bien moi je vous dis : « il faut venir à la messe pour vivre en chrétiens et non vivre en chrétiens pour venir à la messe ! »

Soyons bien attentifs à ce que Jésus déclarait ce matin dans l’Evangile : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. »

Terrible sentence de Jésus qui ne se reconnaîtra pas en nous : « Je ne sais pas d’où vous êtes.»… « – Mais Seigneur, nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places ! » (Comment ne pas voir ici une allusion à nos messes du dimanche ?) «  – Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice.»

Baptisés, confirmés, pratiquants réguliers nous pouvons être jetés dehors en grinçant des dents pendant que des non baptisés comme « Abraham, Isaac et Jacob, et biens d’autres venus de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendront place au festin dans le Royaume de Dieu ! »… Restons vigilants.

Dans un monde ou le phénomène religieux est ridiculisé par certains, marginalisés et relégué à la sphère privée par d’autres, détournés en violence par certains fanatiques, le bon Dieu attend de nous que nous soyons témoins.

Pour être forts dans notre témoignage, nous avons besoin de puiser la force à la source de l’eucharistie.

Ne nous leurrons pas, les temps difficiles sont devant nous, le combat va être rude… Ceux qui étaient à la messe dimanche dernier se souviennent sans doute des paroles de la lettre aux Hébreux : « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché. »

Aujourd’hui, comme pour réconforter dans ce combat ceux qui auraient tendance à se décourager ou à penser que Dieu nous a laissés tomber, l’auteur de la Lettre aux Hébreux ajoute : « Mon fils, … ne te décourage pas… Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons ; Il corrige tous ceux qu’il accueille comme ses fils… Dieu se comporte envers vous comme envers des fils… »

Comprenons que Dieu nous fait confiance, comme il fait confiance à son Fils Jésus.

Signe du Christ posé au milieu du monde, ne laissons pas les ténèbres et la peur s’introduire dans le monde par le biais de nos cœurs assoupis et de nos genoux fléchissants …

Seigneur notre Père, nous mettons notre confiance en toi et en l’avenir que tu promets : Éloigne de nous la peur de l’inconnu, donne-nous le courage et la force, rends nous attentifs et vigilants aux besoins de nos frères.

« Oui, ton amour envers nous, Seigneur, s’est montré le plus fort… »