Homélie du 2 février 2020

Textes :
   Ml 3, 1-4
   Ps 23 (24), 7, 8, 9, 10
   He 2, 14-18
   Lc 2, 22-40

Je trouve intéressant d’avoir à méditer les textes que nous venons d’entendre dans le contexte français actuel, où l’Assemblée Nationale et le Sénat sont en train de réfléchir les lois de bioéthique.

Depuis toujours les hommes savent que les enfants, comme la vie, sont un don de Dieu et que la capacité de transmettre la vie dépasse les simples capacités physiques des parents.

Certains apprentis sorciers aujourd’hui prétendent s’affranchir de ces lois naturelles par la technique et, au nom d’une soi-disant libération de l’individu et particulièrement de la femme, ils prétendent réduire l’acte procréateur à une simple manipulation technique (ô combien compliquée parfois) oubliant sans vergogne les droits les plus fondamentaux de l’enfant à naître et réduisant ce dernier à la satisfaction d’un besoin, voire d’un caprice, parfois même individuel !

Autrefois dans les religions les plus antiques on avait pris l’habitude de remercier Dieu qui donnait la capacité de procréer, en lui offrant le premier-né en sacrifice.

C’était une manière de lui dire qu’on avait compris que c’est lui qui est le maître de la vie et on voulait le remercier ainsi de nous associer à sa capacité créatrice En lui offrant ce qu’on avait de plus cher.

On en était arrivé parfois à des pratiques barbares de sacrifices humains.

Heureusement, dans son alliance avec Abraham et les prophètes, Dieu nous a permis de comprendre qu’il ne voulait pas de tels sacrifices et la pratique s’est peu à peu installée d’offrir un animal de son troupeau en lieu et place de son enfant.

C’est ce précepte que Marie et Joseph viennent accomplir dans le temple en la fête de la Présentation. En venant présenter Jésus, ils apportent un couple de tourterelles à offrir en sacrifice

On peut rapprocher ce geste de présentation de Jésus, encore tout bébé, au Temple, de celui que font les parents quand ils présentent un enfant au baptême.

Accomplissant la Loi du Seigneur, ils viennent dire à Dieu, comme l’ont fait la plupart de nos parents, qu’ils reconnaissent que cet enfant leur a été confié par Lui pour qu’il l’élève en vrai fils de Dieu.

Tel a été le cas pour la plupart d’entre nous ici présents. Quand nous étions touts petits nos parents sont venus nous présenter à Dieu et se sont préoccupés ensuite de nous donner une éducation chrétienne que nous avons reprise un jour à notre propre compte.

Mais ce n’est pas vrai pour tous, et les 5 catéchumènes que nous avons accueillis ce soir (hier soir) ont dû faire une démarche personnelle pour demander à être reconnus comme fils et filles de Dieu et s’engager à vivre comme tels.

C’est donc à vous, Émilie, Sheldina, Helena, Lucas et Matys, chers amis, que je m’adresse maintenant : En vous accueillant, la communauté entre dans la joie de Syméon et voit en vous « la lumière qui se révèle aux Nations et donne gloire au peuple d’Israël.»

Marie et Joseph ont-ils conscience, en conduisant Jésus au Temple, qu’ils ont dans les bras celui qui deviendra l’Agneau immolé, victime volontaire de l’unique et éternel sacrifice de la Croix que nous commémorons à chaque eucharistie ? Je n’en suis pas sûr…

Syméon lui, pressent que quelque chose est en train de basculer de l’Ancien Monde vers le Nouveau et en Jésus il reconnaît « le Salut préparé par Dieu lui-même à la face des peuples. »

L’auteur de la Lettre aux Hébreux nous disait tout à l’heure qu’en Jésus « Dieu est venu partager la chair et le sang que tous les hommes ont en commun »… Aujourd’hui, amis catéchumènes, vous manifestez votre intention de partager la vie du Christ en devenant membres de son corps par le baptême… Vous voulez vous préparer à partager la chair et le sang de Jésus avec l’ensemble de la communauté chrétienne.

Merci à vous qui, ce faisant, nous stimulez dans notre vie chrétienne…

« Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi », disait Malachie dans la première lecture. Puisse votre démarche nous rappeler à tous que nous sommes appelés chacun par son nom pour devenir messager de la Bonne Nouvelle et préparer le chemin du Seigneur.

C’est ce que nous avons réfléchi ce matin avec les enfants du catéchisme : Jésus appelle chacun d’entre nous par son nom comme il a appelé ses disciples. Répondant à son appel nous devenons disciples et missionnaires de la Bonne Nouvelle, chacun selon le chemin qu’il aura choisi…

Le chemin que nos amis catéchumènes entreprennent aujourd’hui, ce chemin que nous essayons de suivre au quotidien depuis le jour de notre baptême, est chemin de vie.

Nous savons qu’il passe par la Croix puisqu’il est chemin à la suite du Christ victorieux de la mort : « parce qu’il a souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa passion, il est capable de porter secours à ceux qui subissent une épreuve.»

Dans ce monde où il ne va plus de soi d’être chrétien, n’ayons pas peur de l’épreuve ou des épreuves. Avec la prophétesse Anne « proclamons les louanges de Dieu et parlons de l’enfant à tous ceux qui attendent leur délivrance.»

Avec Syméon entrons dans l’action de grâce en chantant : « Mes yeux ont vu le Salut que tu préparais à la face des peuples.»

Avec le psalmiste répétons : « Portes levez vos frontons, qu’il entre le roi de gloire.»