Textes :
- Job 7, 1-4.6-7
- Psaume 146 (147a), 1.3, 4-5, 6-7
- 1 Corinthiens 9, 16-19.22-23
- Marc 1, 29-39
« Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée ! » Pas très encourageant le vieux Job ! Il est vrai qu’il a été sérieusement secoué par les multiples épreuves que Satan lui a infligées avec la permission de Dieu pour tester sa résistance… La souffrance est un véritable tamis dans lequel ceux qui la goûtent sont littéralement criblés et remis en question jusqu’au fondement de leur être… Comme l’or au creuset leur foi en est purifiée de tout ce qui pouvait la rendre puérile… L’image qu’il pouvait se faire du Dieu tout-puissant en est sérieusement écornée. S’ils ont la chance de rencontrer de vrais témoins, cette image va disparaître peu à peu, pour laisser place à celle du “Dieu de miséricorde” qui s’approche de ceux qui souffrent pour traverser l’épreuve et porter leur souffrance avec eux.
« Il guérit les cœurs blessés et soignent leur blessure » nous dit le psaume de ce jour.
Depuis que Dieu s’est fait homme, nous savons que c’est nous que Dieu attend pour se révéler au monde… C’est nos mains, nos pieds, nos cœurs, nos intelligences qu’il attend que nous mettions à l’œuvre pour le révéler…
Pour cela, depuis le début de son pontificat en 2013, le Pape François ne cesse de nous inviter à sortir de nous-mêmes, de nos habitudes, de notre train-train quotidien pour annoncer et révéler le Christ au Monde.
Dès la première audience publique de son pontificat il disait à propos : « Quelqu’un pourrait me dire : “Mais, mon père, je n’ai pas le temps”, “j’ai beaucoup de choses à faire”, “c’est difficile”, “que puis-je faire moi avec mon peu de forces, avec mon péché aussi, avec tant de choses”. Souvent, nous nous contentons de quelques prières, d’une messe du dimanche distraite et pas régulière, de quelques gestes de charité, mais nous n’avons pas ce courage de “sortir” pour apporter le Christ.» (27 mars 2013)
Et c’est justement ce que nous demande le Christ dans l’Evangile de ce jour : « Allons, ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Evangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » Il est sorti d’où, le Christ, si ce n’est de Dieu, c’est-à-dire de lui-même, pour prendre la condition de serviteur comme le dit St Paul dans sa lettre aux Philippiens. Serviteur de qui ? Des hommes bien sûr ! Hommes et femmes de tous les temps.
“Sortir de nous-mêmes”, c’est le programme qui nous est proposé. François insiste : « ouvrir les portes de notre cœur, de notre vie, de nos paroisses – quelle peine toutes ces paroisses fermées ! -, des mouvements, des associations, et “sortir” à la rencontre des autres, nous faire proches pour apporter la lumière et la joie de notre foi. Sortir toujours ! Et cela avec amour et avec la tendresse de Dieu, dans le respect et dans la patience, en sachant que c’est nous qui mettons nos mains, nos pieds, notre cœur, mais c’est ensuite Dieu qui les guide et rend fécondes chacune de nos actions.» (27 mars 2013)
« Annoncer l’Évangile n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! », s’écriait St Paul dans la 2ème lecture… « Je ne le fais pas de moi-même, c’est une mission qui m’est confiée […/…] à cause de l’Evangile.»
Dimanche dernier, à la cathédrale, notre évêque a ouvert le synode diocésain… Au milieu d’une grande foule, nous étions une bonne délégation de notre ensemble paroissial à y participer. Nos dix équipes synodales ont commencé à se rassembler… (Soit dit en passant, il n’est pas trop tard pour en lancer d’autres ou pour rejoindre celles qui existent).
L’objectif de ce synode dont la démarche va s’étaler sur deux ans, c’est justement d’ouvrir grandes les portes de nos paroisses, de nos églises, de nos communautés, mais aussi et avant tout de nos cœurs, de nos maisons et de nos intelligences pour y laisser entrer l’Esprit et en sortir avec le Christ à la rencontre de notre monde…
Il nous faut inventer ensemble, la paroisse d’aujourd’hui ! C’est la mission que l’Evêque nous confie. Cela demande de prendre au sérieux notre démarche et d’être capables de revisiter entièrement nos façons de faire aussi bonnes qu’elles aient pu être. Comment rejoindre les hommes et femmes de notre temps autrement que dans les sépultures qui sont presque les seules occasions de remplir nos églises ? Comment redonner le goût de l’Evangile à nos contemporains ?
La première question que nous devrions-nous poser, vous et moi, pourrait-être : Croyons-nous vraiment que le Christ est en nous ? Prenons-nous au sérieux le don de notre baptême qui fait de nous les membres vivants du Christ ressuscité pour le monde d’aujourd’hui ? Prenons-nous au sérieux l’Esprit de notre confirmation qui fait de nous les témoins du Royaume, ici et maintenant ? Prenons-nous au sérieux la mission qui nous est confiée, lorsque nous communions au corps du Christ, de devenir concrètement, avec Jésus et en lui, la nourriture de nos frères ?
Jésus, nous l’avons vu dans l’Evangile ne respire même plus et n’arrive plus à dégager le temps de la prière, tellement il est accaparé par les malades et les possédés en tout genre…
Sommes-nous prêts à nous investir, non pas seulement à la mesure de nos forces, mais bien à la lumière et dans l’élan de l’Esprit-Saint de notre baptême, pour que rayonne la lumière de l’Evangile et que les hommes et femmes de notre temps trouvent de nouvelles raisons d’espérer ? Saurons-nous, comme Job au creux de son désespoir, nous en remettre à Dieu parce que c’est lui le roc de notre vie ?
Dans dix jours va s’ouvrir le Carême… Occasion pour chacun et chacune d’entre nous de revenir à la source et de refaire nos forces pour redevenir, avec Jésus, Bonne Nouvelle pour le monde !