Homélie du 28 février 2021 (Antoine)

1ère lecture : Genèse 22, 1-2.9-13.15-18
Psaume 115
2ème lecture : Lettre de Saint Paul apôtre aux Romains 8, 31b-34
Evangile : Marc 9, 2-10

Chers frères et sœurs,

Connaissez-vous le sport préféré de Dieu ? Non, il ne s’agit pas du football…bien qu’un joueur de renommée internationale s’appelle « Messi » ! Non, ce n’est pas non plus le rugby…bien que les joueurs Français se fassent appeler « les dieux du stade » ! Le sport préféré de Dieu, c’est celui que les Hébreux ont pratiqué pendant 40 ans dans le désert, c’est celui qu’a pratiqué Jésus à travers toute la Palestine. Le sport préféré de Dieu, c’est la randonnée.

Et les lectures du jour, justement, nous proposent de suivre deux randonnées inoubliables, deux randonnées éblouissantes : dans la première lecture, nous suivons Abraham et Isaac en randonnée vers le Mont Moriah. Et dans l’évangile, nous suivons Pierre, Jacques, Jean et Jésus en randonnée vers le Mont Thabor.

Nous-mêmes, nous sommes en randonnée pendant ce temps de Carême, en randonnée vers Pâques. Et d’ailleurs, toute notre vie est un pèlerinage vers notre Pâques.

En parlant de randonnée, nous pouvons retenir un verset de la Bible aujourd’hui, c’est le refrain que nous avons chanté dans le psaume : « je marcherai en présence du Seigneur, sur la terre des vivants », retenons-le au présent : « je marche en présence du Seigneur ».

Le temps du Carême est une randonnée, notre vie est une grande randonnée. Oui mais pas seuls ! Nous avons le meilleur des compagnons de route : le Seigneur Jésus. « Je marche en présence du Seigneur ». « Marcher en présence du Seigneur », voici une belle définition de la Foi.

Le pape François, pour notre randonnée de Carême nous propose d’approfondir, de creuser les vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité. Et il me semble qu’en ce 2ème dimanche de Carême, nous sommes appelés à approfondir la foi. La foi, si nous déclinons le mot, cela donne « fidélité », « confiance ». Oui la foi, c’est une histoire qui marche à deux. Je te fais confiance, car tu me fais confiance. Je te suis fidèle, car tu m’es fidèle. La foi, c’est un don pleinement gratuit de Dieu, cela vient de Dieu. Et en même temps, c’est une vertu, c’est-à-dire une habitude, une pratique à approfondir, et cela vient de nous. Ainsi la foi, c’est une histoire qui se vit à deux : « je marche en présence du Seigneur ».

Les textes du jour nous racontent deux randonnées inoubliables dont la foi est au centre. La bible est une véritable boussole pour notre vie chrétienne. Et les textes entendus aujourd’hui sont magnifiques ! Vraiment, relisons ces textes, relisons les encore et encore et nous découvrirons toujours de nouvelles pépites pour notre vie de foi, pour notre randonnée avec le Seigneur.

La 1ère lecture est comme un avant-goût de Pâques, et d’ailleurs nous relirons ce texte capital lors de la nuit de Pâques. Les traditions rabbiniques et les commentaires des Pères de l’Eglise nourrissent notre méditation pour ce texte : certains voient en Isaac un homme de 37 ans…comme le Christ lors de sa Passion ; ou encore, lorsqu’Isaac charge le bois pour le sacrifice…comment ne pas penser au Christ chargé du bois de la Croix ? Et lorsqu’Abraham monte vers le lieu du sacrifice avec son fils, c’est après trois jours de marche…comment ne pas penser aux trois jours passés au tombeau ? Et le Mont Moriah, c’est sur cette montagne que seront construite la ville de Jérusalem, le Temple. Un avant-goût, une préfiguration de Pâques donc. Un itinéraire de foi, où Dieu est toujours présent, où Dieu se donne à voir et où Dieu voit la foi d’Abraham (jeu de mot sur la traduction de l’hébreu « Moriah » = « le Seigneur voit, le Seigneur est vu).

L’évangile aussi nous donne un avant-goût de Pâques. Ce n’est pas encore la gloire de la Résurrection mais l’éblouissante lumière de la Transfiguration. Qu’est-ce qu’on y voit ? On ne sait pas en réalité. Même l’évangéliste le dit, la blancheur du Christ n’a pas d’autre pareille sur terre. Et notre pauvre Pierre semble bien déboussolé, voulant dresser trois tentes : pour Elie (figure des prophètes), pour Moïse (figure de la Loi), pour Jésus (l’accomplissement de la Loi et des prophètes). Certainement pense-t-il aussi à la fête des tentes (Soukkôt), ou encore à la tente de la rencontre du Seigneur (pour les Hébreux). Alors qu’y a-t-il à voir dans ce texte ? Peut-être que justement il n’y a rien à voir, il faut voir au-delà des apparences. Ne dit-on pas qu’il faut croire pour voir et non voir pour croire ? Et le Petit Prince lui-même, ne dit-il pas que l’on voit bien qu’avec le cœur ? Plus que de voir quelque chose, nous sommes invités à écouter, écouter la voix du Père qui est exactement la même qu’au Baptême : « celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le ».

Alors ces deux textes nous donnent un avant-goût de Pâques…ou même déjà un « goût » de Pâques. Peut-être justement car nous sommes dans ce déjà-là et pas encore. Oui déjà-là : nous connaissons l’issue du Carême, nous savons que le Christ est mort et ressuscité, nous savons que sa victoire est définitivement acquise. Et pourtant nous demeurons dans un pas encore : nous le redisons à chaque messe, « nous attendons ta venue dans la gloire ». Oui nous attendons le retour du Christ dans la gloire, le jour de notre Pâques définitive.

Mais n’ayons pas peur, n’ayons aucune crainte car nous marchons en présence du Seigneur. Et lorsque St Paul interroge dans la 2ème lecture : « Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? », nous avons cette certitude que le Seigneur est à nos côtés, qu’il est toujours avec nous. Nous savons que si nous avons part à sa mort, nous avons aussi part à sa Résurrection. Voilà notre foi : marcher en présence du Seigneur.

Demandons la grâce dans cette eucharistie de marcher avec Jésus, de lui donner toute notre confiance et notre fidélité. Rendons grâce pour le don de la foi et mettons tout en œuvre pour grandir dans notre vie de foi.