Homélie du 24 septembre 2021 (Michel)

Lecture du Livre du prophète Jérémie (Jr 31, 7-9)

« L’aveugle et le boiteux, je les fais revenir »

Lecture de la lettre aux hébreux  (He 5, 1-6)

« Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek pour l’éternité.»

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 46b-52)

« Rabbouni, que je retrouve la vue »

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES MISSIONS 2021

Je reprends quelques lignes du message du Pape François pour la journée mondiale des missions :

« Le livre des Actes des Apôtres nous enseigne à vivre les épreuves en nous attachant au Christ, afin de mûrir la « conviction que Dieu peut agir en toutes circonstances, même au milieu des échecs apparents » et la certitude que « celui qui se donne et s’en remet à Dieu par amour sera certainement fécond » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 279).

La liberté et l’audace sont nécessaires pour se tenir debout poursuit François.

Le moment actuel de notre histoire n’est pas facile non plus. La pandémie a mis en évidence et amplifié la douleur, la solitude, la pauvreté et les injustices dont tant de personnes souffraient déjà, et a démasqué nos fausses sécurités et les divisions et polarisations qui nous déchirent silencieusement.

Les plus fragiles et les plus vulnérables ont expérimenté encore plus leur vulnérabilité et leur fragilité. Nous avons vécu le découragement, le désenchantement, la fatigue ; et même l’amertume conformiste qui ôte l’espérance a pu s’emparer de nos regards.

Mais nous, « ce que nous proclamons, ce n’est pas nous-mêmes ; c’est ceci : Jésus Christ est le Seigneur ; et nous sommes vos serviteurs, à cause de Jésus » (cf. 2 Co 4, 5). C’est pourquoi nous entendons résonner dans nos communautés et dans nos familles la Parole de vie qui retentit dans nos cœurs et nous dit : « Il n’est pas ici, il est ressuscité » (Lc 24, 6) ;

Ecoutons et mesurons le poids des mots qui suivent :

Parole d’espérance : « Il est ressuscité ! » qui rompt tout déterminisme et, à ceux qui se laissent toucher, donne la liberté et l’audace nécessaires pour se tenir debout et chercher de façon créative toutes les manières possibles de vivre la compassion, ce “sacramental” de la proximité de Dieu avec nous qui n’abandonne personne au bord du chemin.

« Se laisser toucher » !

Reprenons l’Evangile de ce jour :  Bartimée crie, interpelle Jésus…

Jésus est touché par la prière de Bartimée … « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Nous réalisons ?  Dieu demande à Bartimée : « que veux-tu que je fasse pour toi »? comme si Dieu n’avait pas connaissance du mal qui emprisonne cet homme et l’amène à mendier …

Pour recevoir quelques centimes il faut que ceux qui vont et viennent portent un regard sur Bartimée, l’entendent, plutôt que de le rabrouer… se laissent toucher !

 

Jésus nous révèle qu’il vient au nom de Dieu à la rencontre des hommes sans s’imposer :  « que veux-tu que je fasse pour toi » ?

Mais il faut immédiatement ajouter que, par Jésus Dieu, révèle ici encore, qu’il fait appel à la foi des personnes :   « Va ta foi t’a sauvé ! »

 

A vrai dire tout est incohérent dans ce récit :  l’aveugle jette son manteau… ce seul bien qui lui reste… Il bondit et courut vers Jésus …  Un aveugle qui court à la rencontre de Jésus ! – ?

Récit extraordinaire qui nous révèle que Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour cela :   que le pécheur qui aspire à la purification du cœur, peut se jeter dans les bras de Jésus comme on se jette à l’eau, ou plutôt que l’homme retrouve la vue, la vie en se laissant  plonger dans l’eau du baptême de la mort et de la résurrection.

Purification de son être, et du regard que les autres portent sur lui ou elle.

 

Regardons encore  l’attitude des gens qui font barrage … qui le font taire.

Dieu les invite  à devenir ”un pont“  :  « Appelez-le » !

 

Notons le changement de titre : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi »

à « Rabbouni !  mon Seigneur… mon sauveur… »  Pierre : « Mon Seigneur et mon Dieu ».

Rappelons-nous le matin de Pâques !  Marie-Madeleine au tombeau. Les larmes, la détresse obscurcissent son regard. Elle pense s’adresser au jardinier.

Quand Jésus va la nommer par son prénom “Marie“, elle opére un retournement complet pour dire : « Rabbouni » !  (Evangile selon saint Jean 20, 15)

Même si les livres développent différentes interprétations de “Rabbouni“, dans ma prière personnelle j’aime me tourner vers Jésus en reprenant “Rabbouni ! Jésus, mon maître, mon sauveur, mon ami !“

 

Accueillons avec joie ce dialogue de Jésus avec Bartimée, car il le renouvelle  lui qui est présent au milieu de nous.  Il demande à chacune et chacun de nous aujourd’hui : « Que veux-tu que je fasse pour toi » ?

N’est-ce pas aussi la question que je peux poser à quelqu’un cette semaine ?

Ou  la question qu’une famille peut poser à un voisin : « Que veux-tu que nous fassions pour toi …  avec toi ?

N’est-ce pas la question que chaque petite cellule d’Eglise ( petites fraternités locales, communautés diverses), que tout l’Eglise, partout dans le monde doit poser quand elle  accueille des personnes pour des raisons diverses. C’est aussi ce qui devrait animer les relations entre les Eglises, entre les peuples ?

 

Foi, liberté, audace !  Se laisser toucher, c’est se mettre à l’écoute pour entendre la prière de  ceux qui sont sur le bord du chemin !

« Que veux-tu que je fasse ou que nous fassions pour toi, pour vous » ?

  • Offrir notre amour, des biens, partager…   sûrement !
  • Mais aussi, accompagner jusqu’à Jésus, Fils de Dieu, ou plutôt accompagner l’œuvre de Dieu, ce que Dieu a commencé dans le cœur des personnes.

L’Evangile de ce jour nous redit avec simplicité, la mission de Jésus au milieu de nous, la grâce qui est la nôtre et  notre vocation :

« Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin ».

                                                                                                         abbé Michel Dubois