Homélie du 10 septembre 2021 (Michel)

Lecture du livre de la Sagesse (Sg 7, 7-11)
« À côté de la sagesse, j’ai tenu pour rien la richesse »

Lecture de la lettre aux Hébreux (He 4, 12-13)
« La parole de Dieu juge des intentions et des pensées du cœur »

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 17-30)
« Vends ce que tu as et suis-moi »

La publication cette semaine du rapport de la Commission SAUVE sur les abus sexuels dans l’Eglise provoque un véritable séisme  et blesse  tous les esprits et tous les cœurs, ses membres de l’Eglise et bien au-delà. Nous mesurons depuis plusieurs mois et aujourd’hui d’une manière plus explicite encore, la gravité des faits et leur nombre. Nous prenons sans doute davantage conscience de la souffrance des victimes et du nécessaire travail de vérité qui peut, pourrait ou pourra redonner aux personnes de se savoir écoutées, accueillies, aidées.  

Notre Eglise se doit d’analyser la source de ces déviances, et mettre en œuvre tout ce qui peut guérir, prévenir, protéger.

Nous savons que ces agressions   traversent toute la société. Mais en disant cela, je ne veut pas relativiser la responsabilité  de l’Eglise, au contraire. Justement parce qu’il s’agit de l’Eglise et de sa mission.

Je sais aussi  que bon nombre de baptisés laïcs se sentent trahis, trompés, et mis en  cause, en raison de leur appartenance à l’Eglise. Des laïcs ressentent une véritable honte; honte générée non par tous les prêtres ou religieux, mais par certains d’entre eux.  Appartenant à ce corps des prêtres, je me sens responsable de ce qui a été fait et de ce qui n’a pas été fait. Je voudrais demander pardon aux victimes, et vous demander pardon à vous laïcs, qui comme dans toutes familles, êtes mis en cause, en raison du comportement d’un ou de quelques membres de notre  famille.

Je veux aussi vous dire merci pour votre présence, aujourd’hui et demain.

Nous sommes invités à reprendre « La Lettre au peuple de Dieu du Pape François», du 20 août 2018 , et  « La lettre des évêques de France aux catholiques sur la lutte contre la pédophilie », de mars 2021

Notre évêque a souhaité accueillir dans notre diocèse et nous invite à assister à la pièce de théâtre le « PARDON » le 24 novembre à la salle des concerts au Mans. Dans les prochaines semaines et dans les prochains mois, nous serons informés de la manière dont sont mises en œuvre les propositions de la Commission SAUVE et décisions de la Conférence des évêques de France. Mais nous savons que c’est localement que nous devons aussi prendre les moyens de faire de notre Eglise une « maison sûre »,  selon l’expression du Pape.

Je perçois que les textes de La Parole de Dieu de ce jour sont un véritable signe de Dieu,

en la circonstance.

« J’ai prié, et le discernement m’a été donné.

 J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi ». (Sg 7, 7-11)

Qu’il nous soit donné avec l’aide de Dieu de faire ce travail de discernement.

RENONCER , c’est choisir. CHOISIR, c’est renoncer 

Renoncer, ce n’est pas se résigner, car le renoncement, peut conduire à un choix positif, à un mieux.

Dans une situation de précarité, de pauvreté ou de fragilité,  les personnes n’ont pas de choix, elles subissent ! Mais elles peuvent témoigner d’un grand courage et se battre. Bon nombre de ces personnes nous inviter à la sagesse, à la raison, car elles recherchent l’essentiel.

Dans les situations de bien être, de santé, de hautes technologies d’opulence ou d’aisance, on peut penser que tout nous est possible, accessible, nécessaire. On veut tout faire, consommer par plaisir et   satisfaire nos désirs… On se laisse séduire par les publicités du bonheur quelque soit le prix, ou par les assurances contre les risques de la vie.   Il y a tant de possibles que nous sommes  en incapacité de renoncer, de choisir. On va même jusqu’à interdire les interdits, ou braver les interdits.

 Bon maître … »  dit l’homme de l’Evangile.

Intellectuellement il a intégré les dix commandements, mais il se refuse à renoncer au fruit défendu, ici ses biens,   pour s’en remettre totalement à Dieu

Le fruit interdit est différent pour chacun de nous

L’ homme riche de l’Evangile de ce jour est le symbole de l’homme,  de la femme qui respecte la loi de Moïse, est juste, prie, mais demeure soumis à ses biens, à son confort… ou à telle passion qui est devenue le « trésor trompeur »

C’est encore l’homme qui refuse  tout interdit, toutes limites, et progressivement, perd son âme, perd la raison, et succombe à la tentation de manger le fruit défendu.

L’homme de l’Evangile  veut accéder au Royaume de liberté, mais sans renoncer  aux chaines de sa richesse… qui   entravent sa volonté de suivre véritablement le Christ.   

Jésus personnifie le Royaume. « Le Royaume est là sous vos yeux et vous regardez ailleurs ». Il est là sous vos yeux le Royaume : c’est la communion  de Dieu avec l’homme dans la vérité, la simplicité, la sobriété, l’amour authentique, manifesté en Jésus.

Pour conclure , reprenons ce livre de la Sagesse :  une merveille qui s’adresse à toutes et tous.

Ce texte semble écrit par quelqu’un qui a fait la rencontre du Christ …

Par Jésus, par son Evangile, Dieu nous donne les clés du véritable discernement.

            Baptisés, laïcs mariés ou non, religieux-ses, diacres, prêtres… nous avons besoin les uns des autres pour vivre dans  l’Esprit de Dieu.

Seigneur, nous te prions !

abbé Michel Dubois