Textes :
Vous savez tous je pense que tous les dimanches, d’habitude on fête la résurrection du Christ parce que c’est l’évènement central sur lequel repose notre foi… La résurrection de Jésus est le premier jour de la re/création…
Elles sont rares les fêtes chrétiennes qui ne passent pas aux oubliettes quand elles entrent en concurrence de calendrier avec un dimanche !… Seuls la Vierge Marie en son Assomption, St Pierre et Paul fêtés ensemble comme colonnes de l’Eglise et tous les saints réunis en la fête de la Toussaint ont droit à cet honneur… Et puis, il y a la naissance de Jean-Baptiste !
Aujourd’hui, donc les textes du 12ème dimanche ont cédé la place à ceux de la fête de Jean le Baptiste !
C’est dire l’importance qui est accordée par l’Eglise à celui qui se présente pourtant comme indigne ne serait-ce que de dénouer la courroie des sandales du Seigneur… et qui finira sa vie dans l’humilité, pour ne pas dire l’humiliation la plus abjecte… : Décapité au fond de son cachot pour satisfaire les caprices d’une reine ambitieuse que la faiblesse d’un roi sans consistance n’a pas su endiguer…
Il est vrai que Jésus, à propos du Baptiste, a dit un jour : « Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste.» (Mt 11, 11)
Certains me diront : « Mais pourtant Jésus lui aussi est né d’une femme ! Et c’est pas lui le plus grand ?» Je laisse répondre Saint Jérôme à ma place :
« Notre-Seigneur, dit-il, élève Jean-Baptiste au-dessus des hommes qui sont nés des femmes et de leur union avec l’homme ; mais non pas au-dessus de celui qui est né de la Vierge et de l’Esprit-Saint.
Jérôme, ajoute qu’en disant : “Nul d’entre les enfants des femmes n’a été plus grand que Jean-Baptiste, Jésus ne le place pas pour autant au-dessus des patriarches, des prophètes, et des autres hommes de cette carrure, mais il les met simplement sur le même rang » Quand quelqu’un n’est pas plus grand que moi, cela ne veut pas dire forcément que je suis plus grand que lui ! Nous pouvons tout bonnement être au même niveau ! Jésus place Jean-Baptiste au niveau des plus grands, voilà tout !
Jésus nous fait comprendre que Jean est un modèle de vie pleinement réussie, que sa manière d’être est des plus achevées qui soient, un exemple insurpassable pour ceux qui sont “nés d’une femme”. C’est-à-dire en fait pour chacun et chacune d’entre nous…
Il est un exemple, Premièrement par son nom, qui lui est donné par l’ange de Dieu lui-même (dans le texte que nous venons d’entendre Elisabeth, ne fait que demander que soit exécutée la volonté de l’ange exprimée à Zacharie quand il a eu sa vision au Temple. Cette vision dont Zacharie est sorti littéralement sans voix, à cause de son manque de foi/ Il ne pouvait pas croire en cette parole inconcevable de la naissance d’un fils accordée à son épouse stérile et avancée en âge…
Ce nom de “Jean”, signifie “le Seigneur fait grâce”, et nous invite à reconnaître que c’est de Dieu que nous recevons ce que nous sommes et que c’est en nous soumettant totalement à Dieu que nous entrerons vraiment dans la vérité de ce que nous sommes appelés à devenir… Nous nous recevons entièrement de Dieu…
Jean est un exemple deuxièmement, par sa disponibilité totale à l’Esprit… L’ange n’avait-il pas annoncé : « l’Esprit-Saint le remplira dès le ventre de sa mère.» (Lc 1, 15) C’est sa docilité à l’Esprit qui lui permet depuis le sein d’Elisabeth d’accueillir le Christ encore dans le sein de Marie et, déjà, de tressaillir de joie en sa présence.
Troisièmement, il y a son engagement sans compromis pour la vérité qui lui vaut la terrible fin qu’on connait.
Quatrièmement, sa manière de bien comprendre qu’il n’est pas lui-même la Lumière… mais que pour autant cela ne l’exonère pas de sa mission de rendre témoignage à la Lumière.
Cinquièmement, sa manière de s’effacer derrière Celui qu’il annonce et de ne pas récupérer à son propre profit les erreurs de jugement des foules à son égard… nous invite à l’humilité. « Ce que vous pensez que je suis, je ne le suis pas. » avons-nous entendu tout à l’heure dans la deuxième lecture.
Sixièmement, sa manière de se réjouir de la joie de l’autre et, comme il le dit si bien, de souhaiter « que Jésus grandisse et que je diminue » (Jn 3, 30. On sait combien il a été pris au mot par le soldat d’Hérode qui l’a littéralement raccourci de 25 cm à l’aide de son sabre !
« Personne ne s’est levé de plus grand que Jean-Baptiste » nous dit Jésus. « Et cependant, continue-t-il, le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui ! » (Mt 11, 11)
C’est à n’y plus rien comprendre ! Jean-Baptiste ne serait-il pas dans le Royaume des Cieux ? Malgré tous les efforts consentis se serait-il vu refuser l’entrée de ce fameux Royaume qu’il annonçait et préparait de toutes ses forces ? Ou bien se serait-il vu accorder seulement un strapontin de 3ème classe ? !!
Certains ont voulu voir dans cette affirmation de Jésus comme une ligne de démarcation entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance… Je crois franchement qu’ils font fausse route…
Qu’est-ce que c’est que ce plus petit dans le Royaume des Cieux qui serait plus grand que Jean-Baptiste qui est au rang des plus grands des enfants nés de la femme ?
Quand on cherche qui est le plus petit, dans le Royaume des Cieux, on se demande parfois de quel “vaurien racheté” Jésus a bien voulu parler…
On pense au bon larron ou à la pécheresse pardonnée, à l’enfant prodigue ou à Marie-Madeleine en oubliant tout simplement d’entendre ce que Jésus essaie de nous faire comprendre tout au long de l’Evangile… Le plus petit dans le royaume des Cieux, c’est Lui !… qui nous invite à marcher à sa suite… « Celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi.» (Mt 18, 4-5)
L’abbé Huvelin disait dans une homélie qui marquera la vie toute entière de Charles de Foucauld « Jésus a tellement pris la dernière place que jamais personne n’a pu la lui ravir.»
A l’école de Jean, l’ami de l’époux, apprenons à nous élever, comme lui… au rang des plus petits !