https://www.aelf.org/2022-10-23/romain/messe
Lecture du livre de Ben Sira le Sage (Si 35, 15b-17.20-22a)
« La prière du pauvre traverse les nuées »
Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes. Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli, sa supplication parviendra jusqu’au ciel. La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il persévère tant que le Très-Haut n’a pas jeté les yeux sur lui, ni prononcé la sentence en faveur des justes et rendu justice. – Parole du Seigneur.
Psaume (Ps 33 (34), 2-3, 16.18, 19.23)
R/ Un pauvre crie ; le Seigneur entend.
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée (2 Tm 4, 6-8.16-18))
« Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice »
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 18, 9-14)
« Le publicain redescendit dans sa maison ; c’est lui qui était devenu juste, plutôt que le pharisien »
* * *
Un pharisien et un publicain
Si St Luc précise qu’il s’agit d’une parabole, on peut voir que cette fois, il ne s’agit pas d’une image comme celle du cep de la vigne et des sarments …
Pour le coup, parmi les auditeurs il y en a qui vont se sentir visés… car Jésus parle de personnes identifiables : pharisiens et publicains
Or on se rappelle que les pharisiens constituent un mouvement de piété constitué surtout de laïcs
C’est un courant religieux parmi les Juifs. Tout naturellement , nous les voyons souvent venir discuter avec Jésus, voire s’opposer à lui.
Les publicains eux sont mal vus, accusés de collaborer avec l’occupant,
Au temps de Jésus, en Palestine, les dirigeants romains vendent à gros prix les postes de collecteurs d’impôts ) certains juifs qui possèdent de grandes sommes d’argent. Ils engagent à leur tour des subalternes pour faire le travail à leur place. Ces derniers se trouvent en relation avec le public (d’où leur nom de publicains). Ce sont les percepteurs, accusés souvent de s’enrichir sur le dos des contribuables.
Les Pharisiens critiquent souvent Jésus quand il fréquente les Publicains. Les Pharisiens disaient aux disciples de Jésus : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs? » (Mt 9,11)
Manifestement, Jésus force le trait :
Le pharisien est puant d’orgueil, de suffisance et de mépris
Le publicain que la société condamne, ose affronter le regard des autres en se rendant au Temple. Pourtant il baisse les yeux – n’ose pas regarder le ciel, tant il se sent pécheur. Il nous devient sympathique …
Jésus dit clairement que tout homme, même le plus indigne, peut retrouver sa dignité en ouvrant son cœur en vérité à Dieu et à ses frères ; c’est l’expérience que Jésus nous propose de vivre à la suite de Zachée.
Evitons de rentrer dans des « pinailleries » ou des controverses sur ces deux attitudes : considérons que Jésus nous propose de vérifier le regard que nous portons sur certains, car il est à l’image de notre prière.
De même notre prière est à l’image du regard que nous portons sur les autres.
Mais plus grave encore, comme le pharisien, nous risquons de dicter à Dieu le diplôme qu’il est censé nous décerner. Ici dans sa prière le Pharisien fait son auto portait. Il a une prière qui pourrait être belle : il ne demande rien à Dieu. Il rend grâce. Sauf que son action de grâce est un plaidoyer contre son voisin.
Un mot apparait au début et à la fin de ces versets :
Être juste – devenir Juste, devenir un homme juste
Le juste est donc ici celui qui met en pratique les commandements de la Loi.
Un théologien a écrit :
C’est par la volonté créatrice de Dieu qu’existent cette valeur et cette dignité de la personne humaine. « Dieu dit : Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance » (Ge 1:26). Cette identique image de Dieu en tout homme est le principe de l’égalité. Dieu, présent en chacun, est toujours égal à Lui-même.
Or, la justice est la reconnaissance de cette égale valeur et le respect de cette égale dignité de tous les hommes. Elle s’exprime nécessairement sous la forme de la réciprocité, qui est la seule relation normale là où existe l’égalité.
Le juste n’est en aucun cas un monsieur ou une madame « Je-sais-tout », qui ferait toujours tout bien dans un monde détraqué.
Le juste a les faiblesses et les incertitudes de tout un chacun, mais jamais il ne portera la main sur les autres, jamais n’asservira qui que ce soit à ses volontés ou à ses intérêts : « Il n’utilise pas sa langue pour calomnier, il ne fait pas de mal à son prochain », dit le psaume 15. On peut ajouter qu’il n’utilise pas les institutions en place à son avantage et va même, souligne ce psaume, contre son propre intérêt s’il s’est engagé dans une affaire qui le désavantage.
L’homme est justifié quand il est dans une juste relation à Dieu et à ses frères. Ce qui ne veut pas dire, qu’il est sauvé, comme parvenu au terme ! Non, Jésus dit « quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste » , car il est sur le chemin de vérité, le chemin de conversion, le chemin de Jésus sauveur.