Homélie du 19 aout 2018

Textes :

 Frères et sœurs, c’est aujourd’hui la quatrième étape de notre réflexion sur le 6ème chapitre de l’Évangile  de Jean.

Il y a trois semaines Jésus nous faisait comprendre que seul Dieu peut rassasier la faim des hommes.

Il y a quinze jours il nous invitait à mettre notre foi en Lui, vrai pain descendu du Ciel.

Dimanche dernier, à nous laisser instruire par Dieu et conduire à Lui, pain de vie éternelle.

Aujourd’hui devant l’incrédulité des juifs, il insiste : « ma chair est la vraie nourriture et mon sang la vraie boisson… »

De telles affirmations ont alimenté, au premier siècle de l’histoire de l’Église, l’idée que les chrétiens mangeaient de la chair humaine et buvaient du sang humain lors de leurs prétendues agapes fraternelles !

D’ailleurs on verra dimanche prochain que cela a provoqué le départ de beaucoup de ceux qui suivaient Jésus…

De quoi s’agit-il au juste ?

Quand Jésus affirme : « si vous ne mangez pas la chair du fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous»,  il n’est pas question ici comme nous le disions dimanche dernier de vie biologique.

Si Jésus utilise l’image très forte de la nourriture sans laquelle notre vie corporelle s’étiole et finit par mourir… Il est bien clair que c’est par analogie qu’il en parle.

La vie que son corps et son sang irrigue en chacun d’entre nous n’est pas la vie que nous avons reçue de nos ancêtres, mais celle qui nous vient de Dieu lui-même. Notre vie de fils et de filles de Dieu a besoin pour s’épanouir d’être nourrie et irriguée par le corps et le sang du Christ dont nous sommes les membres depuis le jour de notre baptême…

Le pain de la terre nourrit notre vie éphémère , née d’ici-bas… Le pain descendu du Ciel nourrit notre vie éternelle, née d’en haut !

Et même si, dans l’histoire de l’Église, il existe des cas comme Marthe Robin qui, a vécu plus de 50 ans nourrie exclusivement de l’eucharistie reçue une fois par semaine, nous rappelant comme Jésus au désert, que « l’Homme ne vit pas seulement de pain », cela ne doit pas nous éloigner de la vraie signification de l’Eucharistie…

Le pain des hommes nourrit notre vie de fils d’homme. Le pain “venu du Ciel” nourrit notre vie d’enfant de Dieu…

On a beaucoup insisté dans la théologie de l’après Concile Vatican II, et avec raison, sur l’aspect “partage” de l’Eucharistie. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que  l’Eucharistie, sacrement du partage s’il en est, ne se réduit pas à un beau geste de partage entre frères…

Elle est lieu de la rencontre du Ciel et de la Terre…

En chacune de nos eucharisties, par les mains du prêtre et la prière de l’Église, l’auteur de La Vie, le Verbe de Dieu, noyau vital de l’univers, source de toute vie, s’empare du pain de nos moissons pour se donner à nous en nourriture de vie éternelle et faire de chacun d’entre nous un sacrifice agréable à Dieu, une vie partagée avec nos frères en mémoire du Christ…

« Reçois ce que tu es : le corps du Christ », pourrait-on dire en distribuant la communion.

Comme la sève irrigue le tronc et les sarments, le corps et le sang de Jésus, irriguent et nourrissent les membres de son corps. L’Église vit de l’Eucharistie.

L’Eucharistie fait l’Église et l’Église fait l’eucharistie… Sans Eucharistie, l’Église végète et finit par se dessécher…

Les sarments secs on les jette au feu et ils brûlent dira Saint Jean dans le 15ème chapitre de son Évangile…

Le désir de Dieu en envoyant son Fils dans le monde c’est d’irriguer le monde de sa propre Vie, la vie éternelle… et notre mission c’est d’annoncer cette bonne nouvelle en répondant nous-mêmes à l’invitation des noces de l’Agneau et en la répercutant autour de nous..

« Heureux les invités au repas du Seigneur ! » dit le prêtre en chaque eucharistie… et tous répondent, lui compris : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis-seulement une parole et je serai guéri ! »

Prions mes frères, pour que jamais nous ne nous habituions à cette invitation en en faisant une routine comme celle du petit-déjeuner avalé en vitesse avant de partir au travail…

……

Il en est parmi nous qui n’ont pas la chance de pouvoir communier… Les catéchumènes bien sûrs, certaines personnes âgées ou malades qui n’ont que la télé ou la radio pour suivre la messe, certaines personnes empêchées physiologiquement de recevoir un morceau de pain, mais aussi des personnes qui, au gré d’une histoire parfois difficile, se retrouvent dans une situation incompatible avec la règle de notre communauté…

Ces personnes vivent parfois une Communion de désir plus édifiante que celle de certains chrétiens qui communient par habitude et sans faire attention… oubliant  les avertissements de Saint Paul aux Corinthiens : « Celui qui aura mangé le pain ou bu la coupe du Seigneur d’une manière indigne devra répondre du corps et du sang du Seigneur …/… Celui qui mange et qui boit mange et boit son propre jugement s’il ne discerne pas le corps du Seigneur. » (1 Cor 11,27-29)

Prenons le temps au cœur de la messe, de nous préparer à recevoir dignement et consciemment le corps du Christ…

« Ne soyons pas insensés, comprenons bien quelle est la volonté du Seigneur » nous dit St Paul.

Oui, frères et sœurs, sachons répondre  à l’appel du livre des Proverbes que nous avons entendu tout à l’heure : « Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé. Quittez l’étourderie et vous vivrez. »