Homélie du 12 aout 2018

Textes :

Frères et sœurs, voilà la troisième étape de notre réflexion sur le 6ème chapitre de l’Évangile  de Jean.

Il y a quinze jours Jésus nous faisait comprendre qu’il n’y a que de Dieu que nous pouvions attendre toute plénitude. Seul Dieu peut rassasier la vraie faim des hommes.

La semaine dernière, il nous invitait à mettre notre foi en lui : « l’œuvre de Dieu c’est que vous croyez en celui qu’il a envoyé… Vrai pain venu du Ciel qui donne la vie au monde. »

Aujourd’hui… Jésus insiste. Il révèle que c’est lui, l’envoyé de Dieu… C’est lui le vrai pain venu du Ciel…

Nous avons souvent l’habitude de considérer l’eucharistie comme étant du pain devenu Jésus… Ce n’est pas faux, mais nous risquons d’oublier que ce qui est premier, ce n’est pas le pain, mais Jésus lui-même…

Le sens premier de l’Eucharistie, c’est que Jésus, envoyé du Père pour donner la vie au monde, devient notre pain… C’est l’aspect “descendant” de l’Eucharistie.

Ce que nous célébrons en chaque eucharistie, c’est le don que Dieu fait de sa vie, en Jésus, pour que le monde ait la vie…

Alors les juifs récriminent et ils ne sont pas les seuls ! Ce qu’ils n’arrivent pas à « gober » ou à digérer c’est que Jésus prétend venir de Dieu alors qu’ils savent bien d’où il vient… Ils connaissent son père et sa mère… Comment peut-il prétendre venir de Dieu !

Encore une fois, reprenant la parole des prophètes, Jésus nous invite à regarder plus loin que le bout de notre nez en nous mettant à l’école de Dieu lui-même. « Ils seront tous instruits par Dieu lui-même »

« Arrêtez de chercher la force en vous-mêmes ou dans je ne sais quel gourou, fusse-t-il Moïse lui-même ! » nous dit Jésus… « Laissez-vous attirer par le Père sans lequel vous ne pouvez pas venir à moi. »

«Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi  et reçoit de moi la vie puisque je suis le vrai pain venu du Ciel… En venant à moi vous n’aurez jamais faim, en croyant en moi vous n’aurez jamais soif… »

Nous, chrétiens, nous croyons en Jésus pain de Vie. C’est pour cela que, chaque dimanche, jour du Seigneur, nous répondons à l’appel !

En apportant ce que nous sommes, ce qui fait notre vie, nous laissons le Christ rendre grâce, “eucharistier” notre offrande et en faire le “sacrement” de son corps livré en nourriture.

Le sacrement, c’est-à-dire le signe efficace, le signe qui montre et réalise tout à la fois ce qu’il montre…

En chaque eucharistie, nous faisons mémoire du don de Dieu. Le don de la Vie divine livrée pour nous en Jésus « pain de vie descendu du Ciel pour que le monde ait la Vie »

La vie dont il est question ici n’est pas la vie “biologique” de nos cellules qui, comme celles des Hébreux au désert a besoin de pain pour se rassasier. (Notons en passant, avec Jésus, que cela ne les a pas empêchés de mourir… !)

Il s’agit de la Vie éternelle, celle qui commence dès ici-bas et qui ne finit pas avec la mort physique à laquelle personne ne peut échapper…

Le “Pain de Vie” que nous recevons en chaque eucharistie nous fait passer du régime de la mort naturelle héritée de notre naissance d’un père et d’une mère … à celui de la vie surnaturelle héritée de Dieu lui-même. Celle que nous célébrons au jour de notre baptême…

Comme Elie a eu besoin du pain venu d’en haut pour reprendre des forces et marcher jusqu’à l’Horeb où l’attendait le Seigneur, nous avons besoin du pain de la route pour vivre au quotidien notre vie de chrétien…

Saint Paul, qui nous invitait la semaine dernière à nous laisser renouveler par la transformation spirituelle de notre pensée, nous pousse aujourd’hui à éliminer de notre vie, toute espèce de méchanceté.

Nous faisant prendre conscience que nous sommes les enfants bien-aimés de Dieu, il nous demande d’imiter Dieu en vivant  dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, s’offrant en sacrifice à Dieu, comme un parfum d’agréable odeur.

Voilà qui nous ramène à un autre aspect de l’eucharistie, l’aspect “ascendant”.

En chaque eucharistie, Jésus, pain vivant venu du Ciel continue de s’offrir à Dieu, par nos mains, en sacrifice d’agréable odeur. C’est le “mémorial de la Croix“. Jésus l’a institué la veille de sa mort en nous invitant « à faire ceci en mémoire de Lui.»

Je suis surpris de l’apparente légèreté avec laquelle certains chrétiens se privent facilement de l’eucharistie dominicale pour des raisons parfois bien mondaines finalement… Une réunion de famille, un voyage à faire, un petit coup de fatigue, une journée de bricolage entre copains, que sais-je ?…

Bien sûr nous n’avons pas à imposer notre foi à notre entourage, mais pourquoi ne pas lui proposer ? Ne sommes-nous pas témoins du pain vivant venu du Ciel pour que le monde ait la vie… ?

Il ne s’agit pas de convertir nos frères, ce n’est d’ailleurs pas notre vocation, mais de témoigner avec humilité de Celui auprès duquel toute vie prend sa source et trouve son épanouissement…

Le témoignage humble de notre fidélité à l’eucharistie, ne serait-il pas une belle manière d’indiquer la source à nos contemporains ?

Avec le psalmiste d’aujourd’hui n’ayons pas peur de chanter : « Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge ! »