Homélie du 10 octobre 2020 (Gaël)

Textes :
   Is 25, 6-10a
   Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6
   Ph 4, 12-14.19-20
   Mt 22, 1-14

Que de réjouissances aujourd’hui ! Je ne parle pas de ma venue même si je partage la joie de nos retrouvailles ! Je ne parle pas non plus des ordinations de dimanche dernier encore dans les têtes et les cœurs de chacun, non ! Ce soir le programme c’est ripaille, buffet à volonté, repas de noces et à ce propos il y a une chose de sûre ; c’est qu’au Royaume de Dieu, il n’y a pas de mesure anti-Covid, pas de limitation à trente personnes, pas de confinement. Et quand on regarde le menu ça donne faim !

Bon déjà qu’en temps ordinaire, un bon gueuleton on ne dit pas non, alors en temps de restriction on a envie d’y courir ! Viandes grasses, vins décantés c’est à se lécher les babines. Je suis un peu comme Paul, pendant le séminaire on nous habitue à tout, à la privation et à l’abondance, de l’omelette en tube un soir d’hiver au séminaire, aux bons petits plats partagés avec nos curés. Bref, moi j’ai bien envie d’y aller à ce repas de mariage.

C’est pourtant pas la réaction des premiers invités du roi à l’occasion du mariage de son fils, non messieurs dames ont mieux à faire. Du travail aux champs, un commerce à tenir, ils ne savent pas s’arrêter. Ils me font penser à nombre de nos contemporains, la tête dans le guidon comme on dit ! Et  gare à ceux qui viendront les déranger ! À mon avis ils sont au bord du burn out, ils font n’importe quoi, les invités vont même jusqu’à tuer les serviteurs du roi ! Vraiment ils n’étaient pas dignes…

Poursuivons notre récit … Le roi veut que le mariage ait de l’allure, c’est pas rien de marier le fiston, faut faire ça bien ! Et bien le roi décide d’inviter le tout-venant : bons et mauvais. Il prend un risque vous me direz ! Mais continuons …

La réception est sur le point de commencer, le roi attentif au moindre détail, tel un général, passe en revue les convives. Pauvre roi, il se fait bien du souci pour l’organisation de ce mariage, à sa place j’aurai engagé un professionnel, un wedding planner. Notre bon roi passe donc en revue les convives et il y a un malheureux sans vêtements de noce ! Ma première réaction a été de penser, les serviteurs l’ont trouvé dehors à la dernière minute, c’est normal qu’il n’ait pas prévu de tenue. Mais devant l’incompréhension du roi et constatant qu’il semble le seul dans ce cas-là, je me suis dit qu’il y anguille sous roche.

Il y a toujours une anguille dans les paraboles de Jésus ! Un berger qui sauve une brebis en délaissant les 99 autres, un père qui donne son héritage de son vivant, personne ne fait ça, enfin vous voyez il y a toujours une anguille, on pourrait même dire une aiguille, les biblistes parlent de la fine pointe du texte, et pour le coup elle vient me  piquer.

Comment expliquer l’incompréhension du roi ? Comment expliquer sa réaction qui semble disproportionnée face au silence de l’invité ? Comment expliquer cette sanction qui tombe, enchaîné et mis dehors illico presto, manu militari dans les ténèbres et les grincements de dents, bref un enfer !

Après réflexion, je crois peut-être avoir trouvé une explication, vous en faites ce que vous voulez. Je pense que si le roi s’étonne de la tenue de l’invité, c’est qu’il avait prévu un vêtement pour chacun. « Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? ».

Le roi ne semble pas en colère, il s’interroge, peut-être un serviteur a-t-il oublié de le servir ? Le silence coupable de l’invité nous laisse à penser que cet invité silencieux a refusé le vêtement ou bien qu’il s’est introduit d’une façon frauduleuse ! Poursuivons notre enquête… et je crois qu’il est temps de reprendre de la hauteur !

Mes chers amis, rappelons-nous que nous sommes dans une parabole qui comme les deux derniers dimanches nous parle du Royaume. Aujourd’hui Jésus compare le Royaume à un festin de mariage. Dieu le Père veut tous nous convier à cette fête, et personne n’est mis de côté. Mais beaucoup, pris par les occupations du monde, par les soucis, par leur travail, ne savent plus prendre du temps pour répondre à cette invitation, à cet appel ! Heureux les invités au repas du Seigneur, entendons-nous chaque dimanche, oui ! Et bientôt dans la nouvelle traduction du missel, nous entendrons : Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau.

Oui c’est bien une invitation à entrer dans l’Alliance avec Dieu en Jésus Christ lui qui fut désigné par Jean le Baptiste comme l’agneau de Dieu et comme l’époux. C’est une promesse de bonheur et de vie éternelle qui est à la clé. Pour preuve, ceux qui ne répondent pas à l’appel finiront par mourir. Dieu est en attente de chacune de nos réponses personnelles.

Et que répondons-nous : Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri.

Premièrement l’appel du Seigneur nous pousse à l’humilité, et deuxièmement nous demandons une parole de Dieu pour nous aider à être pleinement en communion  avec le don qui nous ait fait à chaque eucharistie. Cette parole de Dieu que nous demandons c’est le Verbe incarné, c’est Jésus lui-même.

Dieu nous demande d’entrer en alliance avec Lui par son Fils Jésus. Il nous faut porter le vêtement de la noce,

Autrement dit il nous faut être endimancher. Rassurez-vous, vous pourrez toujours vous habiller comme vous le souhaitez ! Je souligne juste que dimanche qui vient de dominus c’est à dire Seigneur. Il nous faut s’habiller du Seigneur, il nous revêtir le Christ comme le dit Saint Paul dans sa lettre aux Romains.

Bonne nouvelle : par notre baptême, nous sommes déjà vêtus du Christ c’est aussi l’un des signes du vêtement blanc. Porter le vêtement de noce, c’est vivre de notre baptême.

Chers amis, demandons à Dieu au début de cette semaine missionnaire mondiale, l’audace de répondre chaque jour aux appels du Seigneur,  demandons-lui de consolider notre fidélité dans nos oui. Que Marie, intercède pour nous, elle qui a dit OUI !