Homélie du 24 mai 2020

Textes :

À mi-parcours entre l’Ascension du Christ et la réalisation de sa promesse de nous envoyer l’Esprit Saint au jour de la Pentecôte, Jésus nous parle de vie éternelle : « La vie éternelle c’est qu’il te connaisse, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. »

La pandémie à laquelle nous sommes confrontés actuellement nous renvoie brutalement et radicalement, l’image de l’apparente finitude et de la mortalité de notre condition humaine.

À l’heure où certains rêvent de transhumanisme et de désincarnation progressive en faveur d’une robotisation ou d’une cyborgisation de notre humanité, un tout petit virus vient mettre à mal tous nos projets de soi-disant émancipation de ce qui apparaît aux yeux de certains comme une insupportable subordination.

Non, nous ne sommes pas Dieu quoi qu’en pense le serpent des origines encore à l’œuvre en chacun d’entre nous aujourd’hui…

Non nous ne sommes pas Dieu, mais nous sommes appelés à la vie divine et c’est cela qui fonde notre dignité.

Non pas Dieu, mais fils de Dieu appelés à vivre comme tels et donc appelé à l’éternité…

« La vie éternelle c’est qu’il te connaisse toi le seul vrai Dieu ! »

Con/naître cela veut dire littéralement “naître avec”.

La con/naissance de Dieu c’est la mise en œuvre consciente, dans nos vies, du projet de Dieu de faire de chacun d’entre nous ses enfants. Faire la volonté de Dieu – ce qui peut se dire autrement obéir à ses commandements – c’est entrer dans la vie éternelle à laquelle notre condition de créature ne nous donne aucun droit…

Partageant notre condition humaine en Jésus, Dieu nous fait comprendre l’infini amour et le projet d’infini qu’il a pour chacun d’entre nous.

« J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner » dit Jésus à son Père. « Je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues… et ils ont cru que tu m’as envoyé.»

Puisse ce temps de sidération et de remise en face de notre condition mortelle, éclairé par la parole de Jésus, nous redonner le vrai sens, le bon sens, de notre vie appelée à l’éternité.

Croire en Jésus et connaître Dieu voilà le chemin qui nous est proposé pour épanouir en plénitude la vie à laquelle nous tenons tant !

Deux dates, deux événements retiennent particulièrement mon attention aujourd’hui :

  1. La coïncidence de la reprise du culte public, et donc de nos assemblées eucharistiques, avec ce que nos “cousins” musulmans appellent l’Aïd el-Fitr ou “fête du mouton”, qui marque la fin du temps du Ramadan. Cette coïncidence nous invite à la communion d’action de grâce avec cette grande portion d’humanité et qui, pendant un mois, s’est tournée d’une manière toute particulière vers le Créateur…
  2. La coïncidence aussi avec le cinquième anniversaire de la signature de l’encyclique “laudato si” de notre Pape François qui est déjà et restera dans l’histoire une référence dans la grande réflexion actuelle de l’humanité sur son rapport à la création.

Nous avons chanté dans le psaume tout à l’heure : « J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie pour admirer le Seigneur dans sa beauté… » La maison du Seigneur, nous rappelle le pape François, c’est la “maison commune”, la création tout entière confié aux soins et à la domination de l’homme…

N’oublions pas que dominer ou maîtriser, dans le langage de Jésus signifie “servir”… Dominer la Terre, cela veut dire la servir et lui permettre de réaliser ce pourquoi elle est créée : Manifester la gloire de Dieu.

« Je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donné à faire » dit Jésus à son Père… Vous savez peut-être qu’en hébreu la gloire signifie “le poids”. Non pas en termes de Kilogrammes (sinon je suis bien parti !), mais en terme de densité, de consistance…

Glorifier Dieu c’est “lui donner du poids” manifester sa puissance à travers notre vie.

Jésus à glorifié Dieu sur la terre, et nous invite à en faire autant par toute notre vie. Après avoir “donné du poids à Dieu” à travers ses œuvres, Il le prie maintenant de Le glorifier de la gloire qu’il avait auprès de lui avant que le monde n’existe…

En nous invitant à poursuivre son œuvre dans le monde, Jésus nous invite donc à “donner du poids à Dieu” dans et par notre vie… Et il prie Dieu, de “nous donner du poids auprès de Lui”, en sa propre personne dont nous ne sommes pas moins que les membres…

C’est pourquoi avec Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélote, Jude fils de Jacques, avec les femmes et avec Marie la mère de Jésus, et ses frères, d’un seul cœur, restons assidus dans la prière et l’attente de l’Esprit-Saint.

Préparons-nous à la venue de l’Esprit-Saint en la fête de Pentecôte en ne cessant jamais, comme nous le rappelait le psalmiste de « chercher la face du Seigneur… Lumière, salut et rempart de notre vie » !