Samedi 25 novembre 2017 : Pastorale des migrants

Dire “Notre Père”,
c’est annoncer la fraternité universelle
Tous frères en Jésus, à l’école de Charles de Foucauld, de Baba Simon et de Thibirrine…
Journée d’ d’entrée en Avent de la Pastorale des migrants
Paroisse d’Allonnes

 – 25 novembre 2017 –

Bonjour à tous.

Pour de multiples raisons, le monde dans lequel nous sommes brasse les cultures et les approches religieuses dans tous les sens.

Ce brassage permanent fait peur à certains qui aiment bien « le chacun chez soi » en oubliant que le Fils de l’homme est venu pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés (cf. Jn 11, 52) et non pour nous apprendre à jouer aux quatre coins, ce que nous savons très bien faire nous-mêmes !

Pour ceux qui auraient besoin d’un dessin, Jésus nous en fait un dans l’Evangile en partant proclamer l’Evangile en Galilée. Lui le Nazaréen de Judée, il annonce le Royaume en cette terre de Galilée, carrefour des Nations et, plus encore, à Capharnaüm dont le seul nom évoque l’idée de confusion, d’entassement de personnes d’origines et de religions hétéroclites et de lieu peu fréquentable… C’est même là qu’il appelle ses apôtres, les choisissant avec un flair qui, s’il était pratiqué par un DRH de nos jours, provoquerait son licenciement immédiat !…

Le monde actuel avec ses flux migratoires transforme nombre de nos villes en Capharnaüm des temps modernes.

Est-ce parce que nous devenons de plus en plus frileux dans notre vieille Europe que Dieu nous envoie Capharnaüm à domicile ! Peut-être…

En tout cas ce melting-pot qui nous est imposé par les migrations de personnes et d’idées qui donnent le vertige à certains est un sacré défi, je dirai même plus un défi sacré (!) pour nous chrétiens. L’occasion nous est donné de faire notre travail à domicile : Annoncer la bonne nouvelle de la filiation divine de tout être humain ! (cf. Benoit XVI, Africae Munus, n° 8)

La double question qui va nous préoccuper ce matin, au fond, c’est : Qui est mon frère et à quoi nous engage de dire le Notre Père ?

J’ai entendu récemment quelqu’un dire « Ok, je peux reconnaître les autres comme frères en humanité, mais pas comme frères en Jésus puisqu’ils ne sont pas chrétiens !… » Comme si c’était le baptême qui faisait de nous des frères !

Non, ce n’est pas le baptême qui fait de nous des frères… Ce qui fait de nous des frères, c’est que Dieu est notre Père et ça c’est vrai pour tous et cela ne dépend pas de notre volonté. Cela fait partie du “paquetage” depuis notre conception dans le sein de notre maman.

Nous sommes créés à l’image de Dieu. Or, Le modèle que Dieu a sous les yeux (si tant est que Dieu a des yeux !) quand il crée l’Humanité à son image, c’est son Fils éternel. Et c’est pour cela qu’il nous crée “fils dans le Fils”.

Jésus, Verbe de Dieu fait chair, vient partager notre condition humaine pour nous apprendre ce que veut dire être Fils de Dieu quand on est un fils d’homme…

J’aimerais vous aider à comprendre que quand un chrétien dit “frère”, il n’a pas besoin que l’autre soit chrétien pour le dire, même s’il a besoin de Jésus pour le dire en plénitude…

En effet, le message dont nous sommes dépositaires et missionnaires nous les chrétiens, c’est que si tous les humains sont frères, c’est bien en Jésus le fils unique de Dieu incarné en notre chair, qu’ils le sont.

Que ces frères (et sœurs) soient ou non chrétiens n’entre pas en ligne de compte… Ils n’ont pas besoin de devenir chrétiens pour devenir pleinement nos frères, même si nous nous avons peut-être besoin de l’être pour les reconnaître comme tels…

Pour entrer dans la logique du Notre Père, la difficulté c’est qu’il nous faut nous décentrer de nous-mêmes et repartir, non de notre point de vue ou de notre nombril (parfois un peu encombrant et pas seulement pour des questions de tour de taille !) Il nous faut partir du point de vue de Dieu, principe et fin de toutes choses…

Pour nous aider dans cette démarche je vais m’appuyer sur l’expérience spirituelle concrète du vrai disciple de Charles de Foucauld que fut l’abbé Simon Mpeke, plus connu sous le nom de Baba Simon.

En l’éclairant par l’enseignement de l’Eglise et les paroles de témoins authentiques de la fraternité universelle, je vais essayer de creuser, avec vous, la notion de fraternité universelle.

Cela va nous obliger à faire des incursions dans le domaine du dialogue interreligieux qui, à mes yeux est l’un des défis majeurs de notre temps.


UN DIEU PERE, UNE HUMANITE PLURIELLE

En 1898, lors d’une retraite, Charles de Foucauld écrit : « Ayez au fond de l’âme gravé profondément ce principe d’où tout découle : que tous les hommes sont vraiment, véritablement frères en Dieu, leur Père commun, et qu’Il veut qu’ils se regardent, s’aiment, se traitent, en tout, comme les frères les plus tendres.»[1]

Nous sommes, avant la lettre, en plein dans l’enseignement du Concile Vatican II : « Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l’image de Dieu.» (Nostra Aetate, n°5)

Et Gaudium et Spes renchérit un mois plus tard : « la volonté du Père est qu’en tout homme nous reconnaissions le Christ notre frère et que nous nous aimions chacun pour de bon, en action et en parole, rendant ainsi témoignage à la vérité.» (GS, n°93)

Baba Simon, quant à lui, résume son désir missionnaire en une phrase : « Que tous voient Dieu et les hommes comme Jésus les voit » (Dieu comme un père, les hommes comme des frères). Il a évidemment puisé cette invitation dans la pensée de Charles qui écrit en effet : « En voyant les hommes, fermons les yeux du corps, ouvrons ceux de l’âme, voyons en eux ce qu’ils sont, non ce qu’ils peuvent paraître, regardons-les comme Dieu les regarde[2]

Certains voient dans cette attitude un idéal à atteindre. Je préfère pour ma part, parler d’un roc sur lequel nous sommes invités à fonder notre engagement de chrétien. Il s’agit du fondement même de l’évangélisation qui s’enracine dans une vie de contemplation de Dieu et de son œuvre.

Il s’agit de se laisser habiter par le regard de Jésus dans un apriori fraternel envers tous, quel que soit le prix à payer.

La vie missionnaire de Baba Simon nous apprend, qu’évangéliser en fait, ce n’est pas d’abord montrer le Christ aux autres… mais plutôt le reconnaître frère et le servir en chacun de ceux que la Providence met sur notre chemin… Il s’agit de laisser le regard fraternel du Christ se poser sur nous et y faire son travail et, ensuite, de laisser ce regard se refléter dans celui que nous portons sur notre prochain…

UN DIEU “ACTIF” BIEN AU-DELA DE LA REVELATION JUDEO-CHRETIENNE

Dans son approche missionnaire, Baba Simon a découvert que Dieu est déjà en relation avec des gens qui n’ont jamais eu accès à la révélation judéo-chrétienne. Il découvre que Dieu “parle” et se dévoile au-delà des limites visibles de l’Eglise.

Baba Simon qui avait une longue expérience de dialogue avec les grands-prêtres de la religion traditionnelle des Monts Mandaras avait parfaitement compris et intégré, et ce bien avant le Concile, les “Semences du Verbe” qui se trouvent cachées dans les différentes « traditions nationales et religieuses » (Ad gentes n° 11) Je pourrais citer moi-même de nombreux exemples dans le quotidien de mes 25 ans passés à Tokombéré…

Confronté à la familiarité avec Dieu des gens de la région, et ce en dehors de toute révélation chrétienne, Baba Simon, habité pourtant d’un ardent désir missionnaire, a même hésité à retourner chez lui de peur « de perturber leur système habituel d’union à Dieu ». Il ira jusqu’à dire : « J’avais vu qu’ils n’avaient pas besoin de moi. Que j’avais besoin d’être chrétien, moi, pour trouver la route qui va à Dieu, mais eux ils l’avaient trouvée. Ils l’avaient trouvée dans leur système[3]

Pour un homme formé à l’école des bénédictins suisses-allemands du début du 20ème siècle, c’est extrêmement fort d’affirmer cela. Baba Simon a été réellement remis en question dans sa théologie, très classique, par ce qu’il vivait et découvrait.

Son amour pour ceux qu’il reconnaissait comme ses frères et son amour pour le Christ qu’il était venu annoncer lui a donné, non seulement le courage de rester, mais celui d’approfondir sa relation et ses découvertes…

Charles de Foucauld le dit bien : « C’est en aimant les hommes qu’on apprend à aimer Dieu.»[4]

François, le Pape, évoquant Charles de Foucauld, affirme : « C’est en se penchant vers son prochain qu’on s’élève jusqu’à Dieu. À travers la proximité fraternelle et solidaire avec les plus pauvres et les plus abandonnés, il comprit que, finalement, ce sont eux qui nous évangélisent, en nous aidant à grandir en humanité.»[5] Je communie tout à fait à ces paroles. Je remplacerai cependant volontiers le “se pencher” par un “se tourner” qui est suffisant… En effet, je constate que c’est ce geste auquel Jésus nous invite. Cela peut être  “lever le regard”, (cf. Zachée), “se retourner” (devant le soldat qui le gifle dans le prétoire du grand prêtre), etc…

Plusieurs fois, auprès de mon ami Chédéché, grand-prêtre des Zoulgo décédé à près de 100 ans en l’an 2000, j’ai recueilli des confidences sur des expériences que je qualifierais volontiers de mystique. Dieu lui rendant “visite” au sens biblique du terme, comme il faisait avec ses ancêtres : “Chédéché, Chédéché, mon fils” – “Me voici…” et le dialogue s’installe avec Dieu…

Un jour, je questionnais Chédéché sur les visites de ce Dieu qui, me disait-il, se présentait sous la forme de trois Zoulgo et lui parlait donc en Zoulgo… Pensant le “piéger” je lui demande si Dieu va aussi chez les Mada. Il me répond qu’il ne sait pas mais que sûrement il y va… Alors je lui dis : “- Quand il va chez les Mada, Dieu il est Zoulgo… – Sûrement pas. Quand Dieu va chez les Mada, il est sûrement Mada… – Mais alors, il y a plusieurs dieux ?” Et Chédéché de me regarder d’un air un peu triste, surpris qu’un homme de Dieu ne comprenne pas une chose aussi simple. Puis il continue : “- Ce sont les hommes qui sont plusieurs, Dieu c’est Dieu, il est unique ! Mais il faut bien qu’il s’adapte à ceux chez qui il veut parler!”

Pour lui, il ne faisait aucun doute que Dieu c’est Dieu, qu’il est unique et qu’il parle à ses enfants quand le besoin s’en fait sentir. Depuis toujours, il a parlé à ses ancêtres, il pouvait bien avoir parlé à Baba Simon ou aux Musulmans… Mais ce n’est pas pour cela qu’il s’en trouve multiplié…

ECOUTER L’AUTRE

Pourquoi remettre à priori en question l’affirmation de l’autre quand il me transmet ce qu’il dit avoir reçu de Dieu par des canaux différents des miens ? Nous devons apprendre à respecter et entendre ce que Dieu nous dit à travers l’autre et en reconnaître la grandeur.

Si nous voulons être entendus, il nous faut entendre. Si nous voulons être écoutés, il nous faut écouter…

Mgr Pierre Claverie disait, quelques mois avant sa mort : « Découvrir l’autre, vivre avec lui, l’entendre, se laisser aussi façonner par lui; cela ne veut pas dire perdre son identité ou rejeter ses valeurs. Cela veut dire concevoir une humanité plurielle, non exclusive. Il n’y a d’humanité que plurielle, et dès que nous prétendons posséder la vérité, ou parler au nom de l’humanité, nous tombons dans le totalitarisme et dans l’exclusion. Nul ne possède la vérité, chacun la recherche… Je suis croyant. Je crois qu’il y a un Dieu, mais je n’ai pas la prétention de posséder ce Dieu-là, ni par le Jésus qui me le révèle, ni par les dogmes de ma foi. On ne possède pas Dieu, on ne possède pas la vérité et j’ai besoin de la vérité des autres.»[6]

«L’autre est essentiellement un don, qui reste tel même quand il parcourt des chemins différents», ne cesse de répéter le Pape François.[7] Dans le message pour le Carême de l’année 2017, il précise : « La relation juste envers les personnes consiste à reconnaître avec gratitude leur valeur. […] Toute vie qui vient à notre rencontre est un don et mérite accueil, respect, amour.»

Pour illustrer l’ouverture à la complémentarité j’utilise facilement l’exemple d’une montagne dont nous ferions l’ascension en partant chacun d’un piémont différent… Si chacun décrit  ce qu’il voit en prétendant que c’est l’unique vérité nous allons vite tomber dans un dialogue de sourds… Nous aurons l’impression de marcher sur des routes bien différentes en oubliant que ce qui donne son sens à la route, c’est le but vers lequel elle conduit. Arrivé au sommet de la montagne nous serons surpris de nous retrouver nez à nez avec celui qui montait sur l’autre flanc et décrivait un chemin bien différent du mien… C’est la certitude de marcher vers un même sommet, un même but qui doit guider notre marche en avant dans le respect du chemin de chacun…

Jean-Paul II, dans son discours aux jeunes musulmans à Casablanca, le 19 août 1985, déclarait en s’appuyant sur Nostra Aetate : « L’Eglise catholique affirme que tous les hommes, spécialement les hommes de foi vivante, doivent se respecter, dépasser toute discrimination, vivre ensemble et servir la fraternité universelle.»

J’aime ce que dit Christian Salenson quand il affirme : « Dans les relations concrètes avec d’autres croyants, se croire réunis dans la main de Dieu donne une force incroyable et permet l’expression libre des différences, qui apparaissent alors moins comme des obstacles que comme un enrichissement de l’unité.»[8].

Vous connaissez peut-être l’histoire que raconte Christian de Chergé de son ami soufi qui se plaignait de n’avoir pas, depuis longtemps, partagé avec lui comme ils en avaient l’habitude. « Il y a longtemps que nous n’avons pas creusé notre puits», lui dit-il. Et quand Christian lui demande : « Et au fond de notre puits qu’est-ce que nous allons trouver ? De l’eau musulmane  ou de l’eau chrétienne? L’ami de répondre mi rieur, mi chagriné : « Tout de même il y a si longtemps que nous marchons ensemble, et tu me poses encore cette question !… Tu sais, l’eau qu’on trouve au fond de ce puits-là, c’est l’eau de Dieu.»[9]

RECONNAITRE L’AUTRE “FILS DE DIEU” ET DONC FRERE

Devant un journaliste de la télévision camerounaise (CRTV), Jérémie Djouri, catéchiste de Tokombéré qui a bien connu Baba Simon, déclarait récemment : « Nos ancêtres savaient depuis longtemps que Dieu est notre Père, mais ce que Baba Simon est venu nous révéler c’est ce que veut dire pour nous être fils de Dieu…[10] En nous apportant Jésus, il nous a dévoilé notre vraie dignité et notre responsabilité de fils de Dieu. Dieu n’est plus seul à veiller sur nous.»

Comment ne pas entendre St Paul nous dire, en écho : « Fils, vous l’êtes bien: Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie: Abba – Père! Tu n’es donc plus esclave, mais fils; et, comme fils, tu es aussi héritier: c’est l’œuvre de Dieu.» (Gal 4, 6-7)

Benoit XVI, quant à lui, rappelait en 2011, dans Africae Munus que l’Eglise est « porteuse de cette Bonne Nouvelle de la filiation divine de toute personne humaine[11] C’est notre travail de chrétiens que d’annoncer par notre vie que les hommes sont frères parce que fils de Dieu.

Dès qu’un être humain est conçu dans le ventre de sa mère il est à jamais frère de tous les autres humains.

……

François déclarait aux présidents Israélien Shimon Peres et palestinien Mahmoud Abbas, le 08 juin 2014, lors de la soirée de prière pour la paix organisée au Vatican : « Nous avons entendu un appel, et nous devons y répondre : l’appel à briser la spirale de la haine et de la violence, à la briser avec un mot : ‘frère’. Mais pour dire cette parole nous devons tous lever le regard vers le Ciel, et nous reconnaître fils d’un même Père.»

PAS DE CONFUSION

Attention à ne pas confondre la fraternité dont nous parlons actuellement avec l’amitié. Elle n’est pas à chercher comme le résultat d’une quelconque bonne volonté de notre part ou de celle de l’autre que nous rencontrons. La fraternité est un don de Dieu, totalement indépendant de notre volonté. Que cela me plaise ou non, que je le veuille ou non, tout homme est un frère que Dieu me donne et me confie et à qui Dieu me donne et me confie… Quand bien même il me voudrait ou me ferait du mal, cela ne lui enlèverait pas d’être mon frère…

Jean-Claude Rault, évêque du Sahara de 2004 à 2017, va plus loin : « Même s’il me menace de mort, mon ennemi mérite encore le nom de frère », ajoutant : «Je ne pense pas que quelque réflexion puisse se faire sur la “non-violence” en évitant ces paroles.»[12]

N’oublions pas que pour parler des djihadistes qui menaçaient la région et le monastère de Thibirine, Christian de Chergé parlait de “nos frères de la montagne”.

Edith Stein, juive devenue carmélite et morte en à Auschwitz en 1942, disait : « Pour le chrétien, il n’est pas d’homme “étranger”, et c’est cet homme qui se tient devant nous, qui a besoin de nous, qui justement est le prochain ; il est indifférent qu’il nous soit appa­renté ou non, que nous “l’aimions” ou non, qu’il soit “moralement digne” de notre aide ou non.»[13]

CHEMINER ENSEMBLE

En 2014, suite à une violente attaque des terroristes Boko-Haram sur la petite ville d’Amchidé, située sur la frontière avec le Nigéria, je suis allé rendre visite à mon ami, l’imam de la mosquée locale. Au cours de la conversation très fraternelle que nous avons eue il m’a dit : « Nous les croyants, nous sommes tous en chemin. Celui qui s’arrête et qui dit qu’il possède la vérité et veut l’imposer aux autres devient dangereux pour tous… Ce qui est important c’est le dialogue entre nous. Si nous ne nous rencontrons pas on ne pourra pas dialoguer et alors il sera impossible de se comprendre.» Après l’avoir remercié d’illuminer par cette affirmation ma fête de Noël dans le contexte tendu dans lequel nous la vivions, je lui ai répondu avec émotion : « Un vieux sage de chez nous, qu’on appelait Baba Simon, répétait souvent en faisant allusion à l’ensemble de l’humanité : “Nous sommes tous sur la même piste…”»

« Parce qu’un même horizon se propose à nous, il devient vital d’apprendre à cheminer ensemble », dira Christian de Chergé.[14]

Je suis convaincu, pour ma part, que cette piste porte le nom de Jésus, “Chemin, Vérité et Vie”. Qui que nous soyons, quand nous marchons vers la paix dans la vérité, c’est sur ses pas que nous marchons et c’est en lui, “Homme Nouveau et frère aîné de la famille” que nous marchons… Ce n’est qu’au terme du chemin que cela nous apparaîtra dans la pleine lumière…

UNE FRATERNITE UNIVERSELLE

Venons-en maintenant au terme lui-même de “fraternité universelle”.

La fraternité à laquelle nous invite l’Evangile, dépasse de beaucoup la fraternité de sang héritée de nos ancêtres, par l’intermédiaire de nos parents.

Elle est fondamentalement universelle parce qu’elle est un héritage que nous recevons directement de Dieu pour le faire fructifier.

Ce qui complique un peu les choses à nos yeux trop mondains, c’est que la fraternité universelle bien qu’elle fasse intrinsèquement partie de ma condition d’homme se cache souvent sous les habits de mes fraternités partielles ou parcellaires.

Il existe de nombreuses fraternités à taille réduite. Une fraternité musulmane, une fraternité chrétienne, une fraternité du “sacrifice traditionnel”… Il existe aussi des fraternités monastiques ou sacerdotales…  Des fraternités culturelles, politiques, idéologiques, une fraternité républicaine !…

Elles ne sont pas mauvaises et peuvent même être parfois des chemins vers la fraternité universelle, mais ce sont des fraternités restreintes, à tendance exclusive… Ceux qui sont “différents” ou qui ne remplissent pas les critères n’ont pas droit au titre de frères (ou de sœurs)…

Dans une formule amusante, Mgr Jean-Claude Boulanger, actuel évêque de Bayeux-Lisieux, nous dit : « Jésus n’a pas dit de nous aimer “les uns les uns” mais bien “les uns les autres.” Il s’agit bien de communion dans la différence.»[15]

Dans ces fraternités “partielles” le risque est grand, quand les difficultés s’approchent, de se refermer sur nous-mêmes en désignant celui qui est différent comme un danger potentiel… La guerre n’est pas loin !

Et c’est le cœur serré que je dis que cette menace n’épargne malheureusement pas notre fraternité chrétienne que certains voudraient ériger en rempart contre l’envahisseur…

Ce n’est pas cette fraternité-là que Dieu a semée dans nos cœurs !

Il existe des frontières naturelles entre les hommes, qu’elles soient géographiques, culturelles, religieuses… Certains ne se privent pas de nous le rappeler ces derniers temps ! La fraternité universelle comme son nom l’indique est transfrontalière, supranationale. Charles de Foucauld utilise même une fois, dans une lettre à Louis Lacroix, une expression originale : “Les gens du pays commencent […] à savoir que le marabout (c’est le nom qu’on lui donne souvent) est leur frère et le frère universel et international de tous les humains.”[16]

Venant de Dieu, la fraternité nous est donnée, justement, pour savoir créer des ponts, ouvrir des portes là où les hommes ont creusé des fossés ou bâti des murailles… Elle nous invite à l’harmonie et à la symphonie.

La fraternité que la venue de Jésus en ce monde nous révèle est absolument universelle. Elle est totalement inclusive. Elle ne laisse personne sur le bord du chemin… Elle n’est pas, je le rappelle, une construction de l’homme mais un appel inscrit au plus profond de lui-même… Elle est posée en moi par Dieu comme la racine ou la source de mon engagement. Qu’il soit chrétien ou non ne change rien, un musulman, un païen, un athée, même un terroriste islamiste  ou je ne sais quoi encore, est mon frère, parce qu’il est fils du même Dieu. Il m’est donné et je lui suis donné comme tel.

Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran, va encore plus loin : «Cette fraternité offerte à tous, sans considération d’appartenance religieuse, ethnique ou nationale, est la marque de fabrique de la fraternité des disciples du Christ. Une fraternité qui n’est pas fondée sur une commune appartenance humaine, mais qui se reçoit d’une amitié (celle de Jésus pour nous)[17] dans le miroir de laquelle on peut reconnaître en chaque personne le reflet d’un unique créateur.»[18]

Je ne pense pas effectivement, même si cela peut paraître prétentieux ou récupérateur aux yeux de certains, qu’on puisse comprendre “à fond” ce type de fraternité absolue, sans la lumière de l’Incarnation.

St Grégoire de Nysse dans une homélie pascale déclare « Celui qui, pour nous, est devenu comme nous, a voulu, par suite de son unité de nature avec nous, faire de nous ses frères. C’est pourquoi il fait monter sa propre humanité auprès du Père véritable afin d’attirer par lui tous ceux de sa race.»[19]

Dieu s’est fait homme pour nous apprendre ce que veut dire être fils de Dieu quand on est un fils d’homme.

UNE FRATERNITE QUI NOUS COMPROMET !

Après avoir affirmé que l’Église est porteuse de la Bonne Nouvelle de la filiation divine de toute personne humaine,  comme je le rappelais plus haut, Benoit XVI continue : Elle est appelée à la transmettre à toute l’humanité, en proclamant le salut réalisé pour nous par le Christ, en célébrant la communion avec Dieu et en vivant la fraternité dans la solidarité.»[20]

Ma responsabilité, en tant que témoin du Christ, prend toute sa force dans le fait que je sais, moi, que je ne suis pas libre d’être frère ou non de tous les hommes. C’est un fait ! C’est comme ça !

Cette Bonne Nouvelle, je n’ai pas le droit de la garder pour moi : « Jésus qui sanctifie, et les hommes qui sont sanctifiés, sont de la même race ; et, pour cette raison, il n’a pas honte de les appeler ses frères.» (Hb 2,11)

Qu’attendons-nous pour la vivre et la mettre en œuvre cette Bonne Nouvelle ? « la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu.» (Rm 8,19)… de tous les fils de Dieu !

C’est nous, les chrétiens, que la création attend ! C’est nous les chrétiens, quand nous ne faisons pas notre travail d’annoncer la Bonne nouvelle de la filiation divine de toute personne humaine…

« En revêtant notre chair, (le Seigneur ton Dieu) est devenu le Chemin, nous dit St Augustin et il ajoute : On ne te dit pas : “Donne-toi du mal, cherche le chemin pour parvenir à la vérité et à la vie.” On ne te dit pas cela. Lève-toi, paresseux ; le Chemin en personne vient vers toi, et il t’a éveillé de ton sommeil, si du moins il t’a éveillé : Lève-toi et marche !»[21]

Je ne suis pas libre d’être frère ou non ! Ce serait trop facile…

Là où, en revanche, ma liberté entre en jeu, c’est que je peux choisir de vivre ou non en fidélité à cette fraternité qui me constitue comme être humain.

St Paul, nous dit : « Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres.» (Gal 5, 13-15)

 « Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, et il n’y a en lui aucune occasion de chute. Mais celui qui a de la haine contre son frère est dans les ténèbres : il marche dans les ténèbres sans savoir où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux» (1 Jn 2, 10-11), nous dit l’apôtre Jean et il continue un peu plus loin : «Si quelqu’un dit : “J’aime Dieu”, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas.» (1 Jn 4, 20).

Jean parle à des chrétiens. C’est pourquoi il précise : «Voici comment nous avons reconnu l’amour : lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères. Celui qui a de quoi vivre en ce monde, s’il voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité.» (1 Jn 3, 16-18).

Et nous voyons se profiler la silhouette de François qui nous rappelle à temps et à contretemps et sur tous les tons que, si nous sommes frères, alors nous sommes responsables, ensemble, de la “maison commune” et de son avenir.

Et quand François parle de “notre maison commune” il ne parle pas de l’Eglise mais bien de la planète : « je voudrais m’adresser à chaque personne qui habite cette planète. …/… je me propose spécialement d’entrer en dialogue avec tous au sujet de notre maison commune.» (Laudato Si, 3)

Pour illustrer mon propos, je voudrais raconter une histoire qui s’est passée au tout début de l’évangélisation à Tokombéré. Elle m’a été rapportée par des chrétiens de la première génération.

Autrefois dans les villages de nos montagnes du Nord-Cameroun, quand la maladie frappait, on en cherchait la cause et on se réunissait pour interroger Dieu par l’intermédiaire des clairvoyants et des devins…

Quand on avait trouvé, on offrait le sacrifice convenable et on demandait à Dieu de prendre la maladie pour l’envoyer chez les voisins, sur la montagne d’à côté… C’était une sage mesure de salubrité publique… Dieu n’a-t-il pas créé ses enfants pour la vie ?

Quand la Parole de Baba Simon eut commencé à faire son chemin, on prit conscience que le voisin était plus qu’un voisin ! C’était un frère qui, lui aussi, cherchait de toutes ses forces le chemin de la vie. Alors on commença à comprendre que Dieu ne pouvait vouloir le malheur des uns pour le bonheur des autres. On décida donc de ne plus le prier d’envoyer la maladie chez les voisins, mais de l’enterrer définitivement…

C’est ce que l’on fit, un jour dans un village de la montagne Mada, en remerciant Dieu d’avoir éclairé notre agir et de nous avoir créés intelligents, à son image !

Mais ne voilà-t-il pas que quelques semaines plus tard, celui chez qui la prière avait été accomplie et donc chez qui la maladie avait été enterrée par la force de notre prière, vit ses enfants tomber malades les uns après les autres !

On s’empressa d’aller porter plainte contre les chrétiens “apprentis-sorciers” qui prétendaient avoir enfin maîtrisé la Parole de la Vie en enterrant le problème !

Scandale dans la communauté chrétienne… : Qu’est-ce que Dieu nous demande donc de faire de la maladie puisqu’on ne peut plus l’envoyer chez les voisins ?

Dans leurs réflexions, les chrétiens comprirent peu à peu que Jésus, en nous annonçant la Bonne nouvelle de la fraternité universelle nous révélait du même coup que la maladie n’est pas le problème de Dieu ou du moins pas de lui seul… et qu’il fallait prendre au sérieux notre héritage de fils de Dieu : « Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves […] vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils […] C’est l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ !» (cf. Rm 8, 15…17)

La maladie, c’est à nous de la résoudre, ensemble et avec l’aide de Dieu.

C’est cette prise de conscience qui a donné naissance au formidable réseau de comités de santé dans la centaine de villages  qui constituent la zone d’action du Projet de Promotion Humaine de Tokombéré.

La Bonne Nouvelle, ce n’est pas que les hommes sont égaux – la réalité nous montre tellement que c’est faux – La bonne Nouvelle, c’est que les hommes sont “fils”… et donc “frères” !

L’Evangile, nous dévoile notre responsabilité.

Paul VI, dans son message pour la 4ème journée mondiale de la paix, le 1er Janvier 1971, déclare : « Ceux qui travaillent à éduquer les nouvelles générations dans la conviction que tout homme est notre frère construisent à partir des fondations mêmes l’édifice de la paix.» « Ceux qui contribuent à découvrir en tout homme, par-delà les caractéristiques somatiques, ethniques, raciaux, l’existence d’un être égal à soi, transforment la terre, d’épicentre de divisions, d’antagonismes, d’embûches et de vengeances, en un lieu de travail organisé sur la base d’une collaboration civilisée.»

FRATERNITE OU SOLIDARITE ?

Beaucoup de nos jours aiment mieux parler de solidarité que de fraternité trouvant cette dernière un peu utopique ou inaccessible, probablement parce qu’on en a oublié plus ou moins volontairement les racines.

Je donne ici la parole au P. Joseph Wrezinski, fondateur d’ATD Quart-Monde dont l’engagement solidaire n’est plus à démontrer : « Plutôt que de parler de solidarité, dit-il, je préfère parler de fraternité. Qui dit fraternité, dit aussi égalité profonde, inhérente à la nature même de l’homme. Être frères, c’est être liés les uns aux autres par le sang, l’esprit, le cœur… Par Dieu lui-même. (…) Je préfère rentrer dans une connaissance profonde des uns et des autres, parce que nous avons tous le droit d’être à la même table, à égalité à cette table. On ne discute pas la place d’un frère à la table commune ; sinon on le renie, ce qui constitue l’acte le plus grave qui puisse atteindre l’autre. Solidaires, les autres demeurent des autres, étrangers. Frères, les uns et les autres se retrouvent à égalité, parce qu’ils se reconnaissent d’un même Père, fils ensemble de ce Père qui les aime. Solidaires, on établit avec les autres des rapports de compagnons, de camarades. Frères, on est liés par la vie elle-même, par Celui qui nous a donné la vie, et nous réunit naturellement.»[22]

DE LA FRATERNITE A LA FRATERNITE !

Tout le monde sait bien que la fraternité n’est pas toujours facile à mettre en œuvre ! La vie en communauté ou en société nous apprend que c’est un combat permanent qui demande une vigilance de tous les instants… Nous avons un combat à mener, un “djihad” (le grand djihad !), diraient nos frères musulmans, pour mettre en œuvre cette réalité de la fraternité universelle.

En effet même si nous avons compris que la fraternité n’est pas le résultat de notre démarche comme je le disais plus haut, mais un héritage à faire fructifier, il n’en reste pas moins comme le disait un jour le Pasteur Agnès Lefranc, de l’Eglise protestante unie du Mans, citant d’ailleurs le philosophe musulman Abdennour Bidar, que : «la fraternité s’apprend » et « qu’on ne naît pas fraternel, on le devient ». Pour rester dans la mouvance protestante permettez-moi de citer en souriant cette phrase connue de Martin Luther King qui nous rappelle que « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots » ! [23]

La fraternité nous est donnée, oui, mais il nous faut encore l’éduquer et nous laisser éduquer par elle, “la laisser nous conduire à l’accomplissement ce que nous sommes(c’est la définition du verbe éduquer)… Car, si nous naissons frères, nous ne sommes pas toujours ni spontanément, ni forcément fraternels. Nous sommes appelés à le devenir… et à en témoigner !

La présidence des funérailles chrétiennes mais aussi et surtout l’humble compagnonnage vécu dans l’accueil des frères en deuil qui s’en remettent à nous pour vivre ce temps si important dans la vie de leur famille, est un formidable lieu pour annoncer la Bonne Nouvelle de la fraternité Universelle.

Puissions-nous pour le vivre du mieux possible, entendre le conseil de Charles de Foucauld à son ami Joseph Hours : « Lire et relire sans cesse le Saint Évangile pour avoir toujours devant l’esprit les actes, les paroles, les pensées de Jésus, afin de penser, parler, agir comme Jésus, de suivre les exemples et les enseignements de Jésus et non les exemples et les manières du monde, auquel nous retombons si vite dès que nous détachons les yeux du Divin Modèle.» [24]

Oui, « Celui qui aime son frère demeure dans la lumière » (1 Jn 2, 10)

A toutes et à tous, je souhaite un excellent ministère de compassion fraternelle. Et je vous remercie de votre attention.

 

[1] Charles de Foucauld, Retraite à Ephrem, jeudi après le 3° dimanche de carême 1898.

[2] Qui peut résister à Dieu, 41

[3] Cf. G. Cador, On l’appelait Baba Simon, Pucac – Terre Africaine, Yaoundé, 2002, pp. 153-154.

[4] Charles de Foucauld à Louis Massignon, 1er mai 1912.

[5] Pape François, Veillée du 2ème synode pour la famille, 03 octobre 2016.

[6] Pierre Claverie, Janvier 1996.

[7] Pape François, Veillée de prière pour le 2ème synode sur la famille, 03 octobre 2015.

[8] Christian Salenson, prêtre du diocèse de Nîmes, directeur de l’Institut de science et de théologie des religions à Marseille, in Christian de Chergé, L’échelle mystique du dialogue, Bayard, 2016, p. 151.

[9] Christian de Chergé, L’échelle mystique du dialogue, Bayard, 2016, p. 68-69.

[10] Dans un article de la revue Missionalia, le P. Joseph Goetz, sj, confirme cette affirmation : « (Dans les religions de tradition orale, l’homme) n’ose pas dire qu’il est fils mais il appelle Dieu Père. » Studia Missionalia, vol XXI, Roma 1972, p. 21-55.

[11] Benoît XVI, Exhortation apostolique Africae Munus, 19 novembre 2011, n° 8

[12] Mgr Claude Rault, in Tibhirine, l’héritage, Bayard, Paris, 2016, p. 67.

[13] Edith Stein, Extrait de Wege zur inneren Stille, trad. et cité dans l’ouvrage de Joachim Bouflet : Edith Stein, philosophe crucifiée, Presses de la Renaissance, 1998, pp. 191-192.

[14] Christian de Chergé, L’échelle mystique du dialogue, Bayard, 2016, p. 37.

[15] Mgr Jean-Claude Boulanger, L’évangile dans le sable, Desclée de Brouwer, Paris, 2005, p. 215

[16] Archives de la Postulation de Charles de Foucauld, lettre à son ami Lacroix, 04 novembre 1901, non publiée.

[17] La parenthèse est de moi.

[18] Site Internet du Journal La Vie, 02/12/2016

[19] Cité dans l’office des Lectures du lundi de la 5ème semaine du temps pascal.

[20] Benoît XVI, Exhortation apostolique Africae Munus, 19 novembre 2011, n° 8.

[21] Homélies de St Augustin sur l’Evangile de Jean, Tractatus. XXXIV, 9. C’est moi qui souligne.

[22] Interview du père Joseph Wresinski, Annales du Sacré-Cœur d’Issoudun,  juin 1985.

[23] Martin Luther King, Remaining Awake Through a Great Revolution, le 31 mars 1968.

[24] Lettre à Joseph Hours, 3 mai 1912.