Textes :
Frères et sœurs nous poursuivons notre “marche en Avent” vers Noël…
Les textes que nous venons d’entendre expriment une véritable tension vers l’avenir, l’espérance d’un peuple tout entier qui attend la réalisation d’une promesse qu’il ne remet pas en doute et qu’il attend de tout son cœur…
Même si les images du livre d’Isaïe ne sont pas sans nous faire sourire avec leur côté un peu “bisounours”, c’est la certitude de la fidélité de Dieu qui donne au prophète cette audace d’annoncer la réconciliation du loup et de l’agneau, du léopard et du chevreau. Oui, Dieu est avec nous !
Celui dont nous préparons la venue, c’est bien Emmanuel, Dieu avec nous…
Dans un monde sans Dieu il est un peu difficile de s’imaginer ce que veut dire “Dieu avec nous”.
Quand on sait comment cette expression, au cours des siècles, a été détournée, récupérée et accaparée par certains pour la transformer en “avec nous donc pas avec vous”, il devient compliqué d’entrer dans l’accueil de cette promesse comme l’annonce d’un règne de paix et de réconciliation…
C’est à la lumière du Notre Père que Jésus, l’Emmanuel, Dieu avec nous, vient nous apprendre, que nous comprenons que le “nous” du “Dieu avec nous” est totalement inclusif et ne laisse personne sur le banc de touche…
Ce jour-là nous dit Isaïe : « la racine de Jessé, en laquelle nous reconnaissons Jésus, sera dressée comme un étendard pour les peuples ».
C’est l’avènement du projet de Dieu, celui de rassembler dans l’unité ses enfants dispersés qu’annonce Isaïe… Il est relayé et comme prolongé par le psaume : « En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre.»
La royauté dont rêvent les prophètes n’est pas celle d’un roi mondain, d’un roi de la terre… C’est bien celle de Jésus, qui n’est pas de ce monde, mais qui règne sur le monde…
Aucune puissance humaine, aucun empire, ne peut prétendre à ce titre de roi universel sans sombrer tôt ou tard dans la violence et l’extermination de masse. L’expérience du 20e siècle est là pour nous le rappeler !
Marie-Noëlle Thabut qui sait si bien commenter l’Écriture nous dit que « c’est la force incroyable de la Bible d’affirmer contre vents et marées, et contre toutes les apparences contraires, que le jour de la paix viendra …/… il n’y aura plus de pauvre à la surface de la terre ; alors la terre sera vraiment “sainte” comme elle doit être.» Le psaume que nous avons entendu tout à l’heure s’inscrit dans cette ligne : Le roi annoncé « délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie. »
C’est à nous de changer de regard et de porter sur notre monde le regard de Dieu lui-même. « La paix, la justice, le salut des pauvres et des malheureux ne viendront pas par un coup de baguette magique : à nous de prier, de faire nôtre le projet de Dieu, et de nous laisser guider par l’Esprit Saint pour nous engager dans ce combat. Avec la lumière qui vient de Dieu, avec sa force, avec sa grâce, nous y arriverons.»[1]
Les textes de l’Écriture sont là pour nous aider.
St Paul ne s’y trompe pas quand il écrit : « Tout ce qui a été écrit à l’avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que nous ayons l’espérance.»
L’Avent est tension vers l’A/venir, appel à nous mettre en chemin vers la mise en œuvre de la fraternité des enfants de Dieu.
Les chrétiens de toutes les générations, sont posés dans le monde comme témoins de cette Bonne Nouvelle…
C’est pour cela que St Paul nous invite à l’unité : « Que le Dieu de la persévérance et du réconfort vous donne d’être d’accord les uns avec les autres selon le Christ Jésus. Ainsi, d’un même cœur, d’une seule voix, vous rendrez gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. »
Et c’est là qu’intervient l’appel à la conversion du cœur, si fortement relayé par Jean le Baptiste : « Produisez donc un fruit digne de la conversion.»
Ce qui nous est demandé ce n’est pas de convertir le monde, mais de nous convertir nous-mêmes à l’écoute de la Parole de Dieu et à l’appel des prophètes, afin d’être témoins de ce que Dieu peut réaliser avec les pécheurs que nous sommes…
Alors nous dit Saint Paul, comme il le disait aux chrétiens de Rome dans la deuxième lecture : « Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. »
Comment voulez-vous que le monde entende la Bonne nouvelle si les chrétiens que nous sommes ne vivent pas cet accueil mutuel et se recroquevillent chacun dans sa propre chapelle quand ce n’est pas dans sa propre maison !…
Soyons les Jean-Baptiste du 21ème siècle qui, dans le désert spirituel de nos sociétés où la notion même de Dieu semble bien loin des préoccupations utilitaires qui agitent nos contemporains, témoignent d’une réelle fraternité vécue avec tous.
Viens Emmanuel, viens changer nos cœurs. Viens Emmanuel, viens, viens nous sauver !
[1] Marie-Noëlle Thabut