Lecture du livre du prophète Isaïe (Is 6, 1-2a.3-8)
« Me voici : envoie-moi ! »
Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1 Co 15, 1-11)
« Voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez »
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 5, 1-11)
« Laissant tout, ils le suivirent »
Au moment du récit, Simon et ses compagnons ne semblent pas prêter grande attention à l’enseignement de Jésus. Ils avaient travaillé toute la nuit sans rien prendre. Et c’est à cet instant que Jésus monte dans sa barque et lui demande de s’éloigner de la rive, comme pour signifier que sa Parole va être mieux entendue portée par l’eau.
Puis, Jésus invite Simon et ses équipiers à repartir : « ‘Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche.’ Jésus s’invité « à bord », au cœur de ce qui est source de vie de ces hommes.
Simon lui répondit : ‘Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets’. » (Lc 5:4-5) Avec un certain scepticisme, Pierre accepte d’obéir au-delà de toute logique. Il jette ses filets contre toute raison… Et alors, quelle belle surprise : « Ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. » (Lc 5:6)
Ici Luc nous présente en quelques lignes la mission de Jésus : rejoindre l’homme, l’enseigner, rendre sa vie féconde. Nous voyons Jésus associer à son œuvre des hommes et des femmes de toutes conditions. Ici, des pêcheurs.
Comme Pierre, nous avons tous l’expérience de ces nuits pénibles Ces durs moments, ceux peut être de l’incertitude face à un choix délicat. Ces instants d’angoisse devant un avenir nébuleux, la perte d’un travail, la maladie… Le départ d’un être cher et nous voilà dans l’abattement, le découragement et la solitude.
Pourquoi ne pas inviter Jésus à monter sur notre barque ? Il nous demandera sans doute de nous éloigner un peu de notre rivage.
Jésus nous exhorte à ne pas désespérer, à aller de l’avant et à garder confiance.
Saint Luc nous encourage à laisser Jésus prendre place dans notre vie. Avec lui, nous serons surpris par tous ces signes de fécondité, comme les pêcheurs du lac de Génésareth en ont fait l’expérience.
Assez spontanément, on peut interpréter cet épisode de la pêche miraculeuse en faisant une comparaison désespérée ou désespérante au regard de ce que vit notre Eglise : la baisse du nombre de chrétiens… pas seulement du nombre de pratiquants… les déviances… les contre-témoignages qu’on ne peut entretenir. L’Eglise navigue aussi sur des vagues de la vie du monde qui l’ébranle comme les vagues s’abattent sur l’embarcation. On peut voir qu’il y a de moins en moins de poissons dans le filet ? Les pêcheurs ne sont-ils pas bons ?
Nous le savons, nous le constatons : notre monde est traversé par de grandes mutations. On parle de nouvelle civilisation… Les hommes et les femmes d’aujourd’hui sont touchés par des questions très profondes qui marquent leur rapport à la transcendance, à Dieu, à leur être, à leur âme, aux autres. De ce fait, comment les religions, pourraient-elles prétendre ne pas être traversées par ces évolutions positives ou négatives .
Concrètement, aujourd’hui, nous accueillons environ 30 enfants dans les groupes de catéchèse.
On peut dire « ils ne sont que 30, alors qu’il y a 15 ans, ils étaient 90 ! »
On peut aussi dire : « Nous avons la joie d’accompagner 30 enfants et leurs parents ». Oui, c’est modeste ! petite communauté fragile. Mais c’est un équipage de chrétiens. Quelle fécondité aujourd’hui ? Demain ? ? ? cela ne nous appartient pas ;
Concrètement encore…
Quand nous sommes amenés à visiter des personnes à La Maison Charles Drouet . Que voyons-nous ? Des aînés souvent fragilisés … certains arrivés au terme de leur séjour sur notre terre.
Nous croisons les différents personnels de l’établissement, soignants, accompagnants, personnels des services : quelle fécondité ? Comment le mesurer ? En relevant le filet, nous voyons ces perles d’attention, de bienveillance, ou s’entre-mêlent gémissements et consolation, soins… même si tout n’est pas parfait ou que certains pensent rentabilité …
L’Eglise n’est sans doute pas bien ajustée aux évolutions et aux attentes ou à ce qu’elle devrait être… Il ne faut pas sombrer ! On ne peut vivre, être témoins et disciples en critiquant sans cesse ou être toujours mécontents, même s’il faut être vrais. Il m’arrive souvent de dire dans des groupes : « Je n’ai pas envie de mourir amer » ! Que Dieu m’accorde et nous accorde cette grâce !
Mais nous ne pouvons éluder le fait que bon nombre d’hommes et de femmes semblent fermés à la transcendance et cela nous touche.
Jésus ne nous donne pas de recette magique pour éviter toutes les tempêtes de la vie. Il n’a pas promis de nous épargner toute difficulté ! Mais en disant à Simon-Pierre « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ». IL dit : « Désormais tu vivras au service des hommes des femmes qui seront pour toi des frères et sœurs, et tu seras pour eux, un frère.. ( Fratelli Tuti ). Nous ne pouvons aujourd’hui taire le fait que sous nos yeux, ce ne sont pas seulement des poissons que croisent les bateaux, mais que ce sont des frères et sœurs qui sont poussé à la mer… !
Si tout le monde n’est pas appelé à tout quitter, pour suivre le Christ, tous les baptisé sont appelés à prendre le large, quitter ses rives de confort ou d’inertie . Tout le monde ne peut pas baptiser, mais tous le monde peut accompagner au Baptême.
« Avançons au large, avec Jésus à bord de notre barque » !