Homélie du 14 février 2021 (Grégoire)

Textes :

Frères et Sœurs, en méditant la première lecture, comment ne pas penser à ces horribles masques dont les normes sanitaires nous affublent à longueur de temps ! Et à ces consignes de “communication sans contact” auxquelles nous avons bien du mal à nous soumettre… Ce n’est plus le haut du visage qui est couvert, comme prévu dans le Livre du Lévitique,  mais le bas !

Ce masque qui crée une barrière éphémère entre nous et qui conduit certains à se refermer sur eux-mêmes… Soyons vigilants, ces mesures finissent pas imprimer insidieusement leurs marques sur nos comportements.

Loin de moi l’idée de bannir les “gestes barrière” protecteurs et indispensables à notre combat collectif contre la pandémie. Je dis même un grand merci, à vous tous qui faites le maximum pour les respecter du mieux possible. Mais je voudrais attirer notre attention sur les risques de repli sur soi qu’ils engendrent et sur la nécessité impérieuse d’inventer d’autres moyens de communiquer et de garder les indispensables liens entre nous.

Les textes que la liturgie nous propose aujourd’hui résonnent d’une manière toute particulière…

“Ne soyez un obstacle pour personne, ni pour les juifs, ni pour les païens, ni pour l’Église de Dieu” nous dit Saint-Paul, précisant aussitôt : “Moi-même, en toutes circonstances, je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude…”

Notre souci au cœur de cette pénible traversée doit être le bien de tous et la préservation du  lien avec tous et chacun.

Pour cela, la compassion dont Jésus fait preuve dans l’Évangile doit être notre référence à tous et à chacun.

Mais justement ! Pourriez-vous me dire : Jésus étend la main et touche le lépreux ! Et c’est vrai, notre foi s’enracine dans l’incarnation du Fils de Dieu… Vous pourriez aussi me renvoyer l’image de Saint François embrassant le lépreux !…

Mais, ne nous trompons pas d’analyse : Jésus est la parole créatrice et donc recréatrice de Dieu et bien que membre de son corps depuis le jour de notre baptême, aucun d’entre nous n’est, par lui-même, la Parole créatrice de Dieu. Encore une fois, ne nous prenons pas pour ce que nous ne sommes pas !

Saint-François, quant à lui, ne pose pas ce geste par provocation, pour enfreindre la loi et prétendre prouver quoi que ce soit. S’il le fait, c’est dans une démarche de combat contre lui-même, une démarche de conversion. Il veut vaincre sa répulsion et briser en lui la superbe et l’insouciance. Il veut définitivement descendre du piédestal sur lequel son éducation et son tempérament l’avaient placé. C’est pour rejoindre le Christ reconnu désormais en chacun et notamment les plus méprisés, que François met bas le masque et embrasse le lépreux.

“Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ”, nous dit Saint Paul. Sans chercher à copier les gestes et attitudes des saints que nous aimons, apprenons plutôt d’eux à imiter le Christ, tels que nous sommes.

Apprenons, à son écoute, les manières de rejoindre et de toucher les membres souffrants de nos communautés en nous “portant” les uns les autres.

32 chrétiens vont recevoir le sacrement des malades… Ils représentent presqu’un quart de la communauté pratiquante habituelle. Signe évident de la fragilité de notre communauté. Sainte fragilité qui nous rend plus aptes à la prière et à l’ouverture aux autres et à Dieu. Merci à vous de nous ouvrir ainsi à la présence aimante de Dieu au milieu de nous : “Je ne suis pas venu pour les bien-portants ni pour les justes, mais pour les malades et les pêcheurs”, nous dit Jésus.

À l’initiative d’une chrétienne de la paroisse, nous vous proposons une “image de communion” qui pourrait être un signe discret, un lien tout simple entre chacun d’entre nous… Une manière de rester en contact réel et spirituel. Une manière de faire corps ensemble. N’hésitez pas à distribuer cette image autour de vous en expliquant sa signification et pourquoi pas en prenant le temps d’une brève prière avec celui ou celle à qui vous l’aurez offerte (Dispo aux accueils de notre paroisse).

Nous allons entrer mercredi dans le temps du Carême. Puisse ce temps servir la communion et la compassion mutuelle au sein de notre communauté.