Homélie du 12 septembre 2021 (Michel)

Homélie 11-12 SEPT 2021              Allonnes et Arnage

En référence au texte d’Isaïe, Marie Noelle Tabut que nous citons souvent en raison de son travail sur les textes bibliques, écrit :

«  On a pris l’habitude d’opposer ces deux attitudes types entre lesquelles nos vies oscillent sans cesse : confiance à l’égard de Dieu, abandon serein à sa volonté parce qu’on sait dans la foi que sa volonté n’est que bonne…

ou bien méfiance, soupçon porté sur les intentions de Dieu… et révolte devant les épreuves, révolte qui peut nous amener à croire qu’il a abandonnés ou pire qu’il pourrait trouver une satisfaction dans nos souffrances »…

ou encore considérer normal que nous connaissions des épreuves parce que nous nous savons pécheurs et, au plus profond de nous-même,

considérions juste que Dieu nous punisse pour nous faire retrouver le droit chemin… Ce n’est pourtant pas la foi chrétienne !

 

Les prophètes d’hier et d’aujourd’hui  sont souvent contestés, ridiculisés, méprisés, voire persécutés, parce que leur fidélité à la Parole de Dieu les amène immanquablement   à se singulariser, à déplaire… non seulement en raison de leurs discours , mais aussi de leurs actes. Ils deviennent vite dérangeant. Leur propre conversion appelle les autres à la conversion. Certains entendent l’appel à leur tour… d’autres le rejettent, et, au nom de leurs bonnes raisons,  ils vont tout faire pour les réduire au silence

Parfois nous-même, n’acceptons pas que les autres n’accueillent pas notre témoignage

IL y a de nombreuses situations dans la vie du monde aujourd’hui encore qui malheureusement montrent que les hommes sont toujours dans ce mouvement d’accueil et de refus, de communion et de division

 

L’Evangile de ce jour montre que Jésus lui-même  se sait au cœur de ces attitudes : accueil  ou rejet, disposition à évoluer, à se laisser convertir ou fermeture, radicalisation … Nous sommes au grand carrefour : «  Pour les gens qui suis-je » ? « Pour vous qui suis-je ? » interroge Jésus

Comme beaucoup de ses contemporains, Pierre attendait un Messie-roi, triomphant, glorieux, puissant, et chassant une bonne fois du pays l’occupant romain. Alors ce qu’annonce Jésus est inacceptable, le Dieu tout-puissant ne peut pas laisser faire des choses pareilles ! Celui qui se présente comme le Messie, lui Jésus qui se traduit « Le Seigneur sauve »   ne peut se soumettre au mal alors qu’il n’a rien fait de mal…

Comment pourrait-il sauver en devenant « un martyr » ?

Pierre est vraiment le type même du disciple : « Non, jamais … » Pierre a la prétention de pouvoir sauver « le sauveur » ! Pierre est aussi le disciples c qui se met au pied de son maître… « Mon Seigneur, et mon Dieu ! »

Pierre est en quelque sorte le visage du chrétien qui aujourd’hui aurait la prétention d’imposer l’Evangile par la force ou par des menaces…

Ce chrétien n’agirait plus à la manière et au nom de Jésus, mais serait un mercenaire ou un persécuteur…

Pierre va comprendre que le disciples à l’image de Jésus n’a comme seule arme que sa capacité d’aimer. Le chrétien d’aujourd’hui n’a pas d’autre voie.

 

Cette semaine, j’ai communiqué avec un jeune adulte de 30 /35 ans qui a connu des déboires dans son couple, qui a conduit à la séparation après neuf ans de mariage. Depuis quelques mois il a fait la rencontre d’une femme de son âge . Ils partagent beaucoup de choses heureuses ensemble.

Ils ont partagé le même toit… les vacances… Récemment ils ont préféré reprendre chacun une vie séparée, mais en gardant des liens : « Elle est croyante, pratiquante et j’ai des doutes »  me dit-il

Je pensais que parlant de doute, il s’interrogeait sur son amour à l’égard de cette femme. Si la religion est une entrave à la communion d’amour… y a un problème. « Mais non, mon amie est touchée par la beauté de la révélation faite par Jésus… » . Elle est rigide, intégriste ? lui demandai-je. « Non, me dit-il, sa foi ne la rend pas rigide, hors du temps…

De milieu chrétien, S. a cessé toute pratique religieuse et avait le sentiment de s’être libéré de ce « carcan religieux ». Il est tourné vers les autres. Après  SCIENCE PO, il a travaillé  dans une ONG à l’étranger, et travaille toujours dans une ONG, à Paris. Au cours de la conversation , il a reconnu qu’il est peut-être appelé à reconsidérer ce qui éclairait ou éclaire ses choix, sa vie de couple d’hier, comme celle d’aujourd’hui…  Je lui dis pour faire bref : « Crois-tu que tu vas résoudre ta question en t’obstinant à fermer à double tour la partie de ton être qu’on peut appeler « l’être chrétien ».!

« Allez mon grand ! Y a pas de honte à accueillir la question de Jésus : « Pour toi, qui suis-je » ?  « Qui suis-je , aujourd’hui ! »

Pour nous aujourd’hui la question est toujours vraie. Elle peut se traduire sous une autre forme quand quelqu’un m’interroge : « Qu’est-ce qui te rend heureux de croire, de prier le Dieu de Jésus Christ, seul et avec d’autres ?

Michel Dubois