Textes :
Frères et sœurs, chers amis,
Un certain nombre d’entre nous sont là pour faire mémoire avec la communauté chrétienne d’un membre de leur famille ou d’un proche décédé au cours de l’année… Ensemble nous voulons intercéder pour nos défunts.
Ce faisant, nous affirmons notre foi en la vie après la mort. Sinon, à quoi bon prier pour les morts ?
Ce qui impressionne dans la mort physique, c’est qu’elle est le seuil d’un voyage sans retour sur lequel nous n’avons que peu de prise, si ce n’est justement la prière pour les défunts.
Prier pour les défunts ne consiste pas seulement à faire mémoire ou à se souvenir de “nos chers disparus” et de ce que nous avons vécu avec eux.
Eux, comme nous, sont en marche vers le point oméga de la rencontre définitive avec le créateur.
Il s’agit de continuer le chemin en communion avec ceux qui nous précèdent, qui ont franchi la porte de la mort physique pour entrer dans une nouvelle étape de l’éclosion de ce que fut leur vie sur terre et de ce qu’est leur vie dans l’au-delà.
Quand l’Église parle de vie éternelle, elle ne parle pas uniquement de ce qui se passe après la sépulture, mais bien du fait que ce qui, dès la conception, est engendré dans le sein d’une mère est appelé à l’éternité… C’est dans cette certitude que les chrétiens fondent la dignité fondamentale et inaliénable de tout être humain…
Ce n’est ni la durée d’une vie sur terre, ni la richesse, ni la santé, ni les connaissances qui fondent la dignité d’une personne humaine, mais bien l’intention du Créateur qui la veut à son image et qui, en elle et dès sa conception, a inscrit les capacités de cette ressemblance…
La volonté d’indépendance et de toute puissance de l’être humain, qui est aussi vieille que le monde est vieux, mais qui menace tout particulièrement notre génération enivrée de connaissance, voudrait nous faire croire qu’il nous revient de maîtriser la vie…
Il est vrai que Dieu nous confie de « dominer la terre et de la soumettre » (Cf. Gen 1, 28). Mais quand nous oublions que “maîtriser” dans le langage de Dieu veut dire « servir et non se servir » (cf. Mt 20, 28), comme Jésus l’a appris à ses disciples nous devenons des monstres manipulateurs et destructeurs de la nature et de l’humanité dans ce qu’elle a de plus beau et de plus fragile et la violence envahit alors notre monde…
Dieu aime la Vie et nous invite à la servir avec Lui. N’oublions jamais ce que nous rappelait le livre de la Sagesse dans la première lecture : « Maître qui aimes les vivants, toi dont le souffle impérissable les anime tous. …/… si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé. …/… Comment serait-il resté vivant, si tu ne l’avais pas appelé ? En fait, tu épargnes tous les êtres, parce qu’ils sont à toi ! »
Si nous sommes réunis pour prier pour nos défunts, c’est parce que, au fond de nous, est ancrée cette certitude que tous, vivants et morts, nous sommes dans la main du Dieu de Vie et d’Amour…
Nous savons bien que tout ne s’arrête pas dans le limon de nos cimetières ou le feu de nos crématoires… Nous savons que Dieu ouvre les torrents de sa miséricorde à ceux qui lui demandent… nous savons, comme disait le psaume que nous venons de prier ensemble, que : « la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres.»
Chers amis qui êtes présents ce jour avec nous, laissez-moi vous redire, au nom de la communauté chrétienne réunie, ce que Saint Paul disait aux Thessaloniciens dans la 2ème lecture : « nous prions pour vous à tout moment afin que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé. Par sa puissance, qu’il vous donne d’accomplir tout le bien que vous désirez, et qu’il rende active votre foi. »
Et si parmi vous il en est qui n’ont pas la chance d’avoir la foi, que Dieu ouvre les yeux de votre cœur et qu’il touche votre âme comme il a touché celle de Zachée. Ce petit homme de l’Evangilequi n’a pas eu honte de grimper sur un sycomore pour voir Jésus et l’entendre lui dire « aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison !»
Et vous membres de la communauté chrétienne – d’Allonnes-Arnage ou d’ailleurs, puisque nous avons la chance d’être partout chez nous – puissions-nous, tous ensemble et chacun là où nous sommes, être les sycomores sur lesquels grimperont nos contemporains qui pourront alors peut-être croiser le regard du Christ et l’accueillir chez eux…
Ayons de l’audace car, nous le savons : « Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés.»