Textes :
« Regarde le ciel et compte les étoiles si tu le peux… »
Le Seigneur invite à contempler l’œuvre de sa promesse : aujourd’hui nos familles ?
Mais vers quelle étoile, quelle famille faut-il braquer son télescope ?
Vers la plus proche, dans notre galaxie, notre voisinage ou celle plus lointaine d’un monde inconnu qui nous est étranger ? Vers celle qui brille avec éclat ou celle trop discrète, trop pauvre que nul ne semble ou ne veut apercevoir ? Vers celle qui naît ou celle qui s’éteint ? Vers celle qui est seule ou vers cet amas étincelant d’innombrables étoiles ?
Ce matin je pense particulièrement à toutes ces familles croisées en Quart Monde dont la famille est le seul bonheur qui leur reste. Cette semaine deux petites filles placées retrouvaient leur maman pour les fêtes. En les conduisant elles me disent que leur plus grand bonheur c’est leur famille alors qu’elles en sont privées et ajoutent : toi aussi tu fais partie de la famille. L’amour s’étend au-delà des frontières. Nous sommes sous le même ciel.
Notre firmament ressemble à s’y méprendre à celui de nos familles !
Pour elles-toutes, se dit ce matin une profusion de prophéties, celles qui se murmurent depuis l’aube des commencements car Dieu ne revient jamais sur sa promesse.
Profusion qui dévoile au cœur du croyant la bonté du Père : ta descendance sera aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer dit le Seigneur à Abraham, le salut préparé à la face des peuples est dévoilé au cœur de Syméon, la délivrance de Jérusalem à Anne. Ce qui est annoncé est débordement, abondance, libération, hors de toute comptabilité, au-delà de tout mérite, et qui plus est au creux de la vie, quand tout va mal, comme la stérilité de Sarah, le crépuscule de la vie de Syméon, le long veuvage d’Anne, fille de Phanuel.
Syméon et Anne témoignent ainsi pour tous les pauvres que leur patience, leur espérance et leur attente ne sont pas vaines et ne seront pas déçues comme si attente et foi usent et ont raison de la patience de Dieu !
Me revient en mémoire ces deux mamans épuisées par les années de conduite indigne et condamnable de leur grand jeune mais dont leur patience fut comblée de les voir transformés à la suite d’un pèlerinage auprès de Marie.
Syméon et Anne interrogent aujourd’hui le concret de nos vies : Dieu est-il venu habiter ce lieu désert, voire stérile, de notre cœur, ce petit reste à côté de ces lieux du cœur envahis de tous nos encombrants où l’enfant de Noël ne semble plus avoir de place ?
Accueillir un enfant bouscule et bouleverse une vie de famille au point d’y prendre une grande place, combien plus accueillir l’enfant Dieu !
Accueillir nous est conté ce matin par deux heureuses maternités, Isaac naîtra de Sarah, Jésus de Marie. Etonnante irruption de cet unique Dieu d’Amour à qui il fallait deux cœurs humains disponibles à l’accueillir. Abraham pour devenir père des croyants, Marie mère du sauveur.
Paternité et Maternité de Dieu sont ainsi offerts à l’humanité.
Ce qu’annoncent Syméon et Anne au temple est fécondité et salut.
Et nous quelle est notre fécondité ? La fécondité de notre vie vient-elle de Dieu ?
Syméon et Anne sont des figures prophétiques, poussées par l’Esprit. Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas maîtres d’eux, bien au contraire, ils sont tout à l’écoute de celui qui les anime. Cela ne se fait pas dans l’agitation ou dans l’impulsivité de nos réactions mais au contraire dans le silence d’une méditation quand s’apaisent les ressentiments ou les flots débordants d’activisme.
Voyez ces prophètes qui nous parlent ce matin, ce qu’ils vivent est si intense que leur cœur ne peut retenir ce qu’ils annoncent, cependant ils ont été préparés longuement, patiemment comme pour être éprouvés au creuset, de leur humanité, comme pour devenir d’authentiques messagers en qui nous pourrons avoir toute confiance.
Ces figures prophétiques font connaître ce que nous ne pourrions découvrir par nos seules forces, elles interpellent tous ceux qui sont prêt à entendre et comprendre.
Syméon et Anne font découvrir un Dieu humble, donné à notre humanité au sein d’une famille. Ainsi toute famille pourra découvrir à travers son expérience de parents ou celles des autres, la bonté de Dieu, la miséricorde du Père, la tendresse et la force d’une mère, mais aussi découvrir comment être Fils en regardant Jésus vivre la sainte famille.
Aujourd’hui regardons Joseph et Marie monter au temple.
Les voici menant humblement leur vie de famille sous le regard d’un Dieu pauvre. Pour ce Fils qui n’a pas de prix, Dieu ne revendique pour lui que le salaire des plus petits : deux petites colombes. Ils sont venus présenter ce cadeau précieux qui leur est confié et qu’ils portent entre leurs mains, mais avec des mains déjà ouvertes. Joseph est entré dans cette désappropriation de la paternité humaine pour accompagner la paternité Divine et voici que le vieux Syméon laisse transparaître cette désappropriation de Marie : « vois ton fils il sera signe de division. Un glaive te transpercera le cœur ».
Aimer en vérité s’accompagne toujours du renoncement à posséder l’autre, cela laisse une profonde déchirure, mais ce fils est grand, il est vraiment la promesse d’Amour du Père qui ne se laisse arrêter par aucunes ténèbres, fut-ce au prix de sa vie. Serons-nous comme ce vieux Syméon attentifs à rencontrer ce Dieu fragile et pauvre au point de nous écrier :
« O maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en Paix, car mes yeux ont vu le salut que tu as préparé à la face des peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire d’Israël ton peuple. »