1ère lecture : Livre du Deutéronome (Dt 18, 15-20)
Psaume 94
2ème lecture : Première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1Co 7, 32-35)
Evangile selon saint Marc (Mc 1, 21-28)
Chers frères et sœurs,
Il n’aura échappé à personne dans l’actualité de cette semaine de fêter l’arrivée à bon port des courageux marins du Vendée Globe ! « Arrivés à bon port », les marins ont « cargué leurs voiles ». « Le temps a cargué ses voiles », c’est la traduction littérale du grec de l’expression de saint Paul, entendue dans la 2ème lecture dimanche dernier : « le temps est limité ». Autrement dit « ça y est ! C’est fait ! Notre histoire humaine est arrivée à son terme, tout est accompli ! Le Christ est ressuscité, le projet de Dieu est réalisé ! »
Mais alors quoi ? ça veut dire que plus rien ne compte ? Que notre manière de vivre n’a plus d’importance ? C’est ce que pensent certains Corinthiens…et saint Paul n’a pas l’air tout à fait du même avis ! « De quoi avons-nous souci ? Des affaires de ce monde…ou des affaires du Seigneur ? » « A qui cherchons-nous à plaire ? à notre époux, notre épouse, nos paroissiens ? » Saint Paul ne cherche pas à nous tendre un piège, sa volonté n’est pas d’opposer l’un ou l’autre. Non, il nous invite à chercher ce qui ne nous divise pas, ce qui est bien pour nous afin d’être « attachés au Seigneur sans partage ».
« Être attachés au Seigneur sans partage », voilà ce qui compte pour nous aujourd’hui. Aujourd’hui les temps sont accomplis, aujourd’hui le Christ est vivant. Oui mais qu’est-ce que cela signifie vraiment pour nous aujourd’hui ? Le Christ vivant, c’est la Parole de Dieu vivante nous disait le Père Sandro dimanche dernier. Et nous l’avons entendu dans le psaume chanté par Jacques : « Aujourd’hui écouterez-vous sa Parole ? »
« Être attachés au Seigneur sans partage », comment écoutons-nous cette Parole vivante pour nous, aujourd’hui ? Être attaché au Seigneur sans partage, ne rien préférer à l’amour du Christ, voilà tout simplement ce qu’est un chrétien. Dans le Nouveau Testament, quand on parle des chrétiens, on dit « les saints ». D’ailleurs c’est comme cela que saint Paul s’adresse aux Corinthiens au début de sa lettre : « à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus et sont appelés à être saints ». Depuis le jour de leur baptême, tous les chrétiens sont appelés à la sainteté. Chers frères et sœurs, notre vocation à tous, depuis le jour de notre baptême, est d’être des saints. Que nous soyons laïc, marié, célibataire, jeune, moins jeune, religieux… Nous sommes tous appelés à la sainteté. Alors comment répondre à cet appel ? Comment être attachés au Seigneur sans partage ? Voilà la question que semble nous poser la Parole de Dieu aujourd’hui.
Et c’est dans la Parole de Dieu, dans les textes de la liturgie de ce jour, dans la fête que nous célébrons aujourd’hui, que nous pouvons trouver des éléments de réponse. Je vous propose trois petites clefs.
Pour être attachés au Seigneur sans partage, être des saints : une nourriture, LA PAROLE DE DIEU.
Pour être attachés au Seigneur sans partage, être des saints : une mission, celle de PROPHETE.
Pour être attachés au Seigneur sans partage, être des saints : un exemple, SAINT JULIEN.
LA PAROLE DE DIEU, c’est notre pain quotidien comme nous disons dans la prière du Notre Père. « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » nous dit Jésus. Pour se nourrir de la Parole de Dieu, pour « manger Jésus », il y a de multiples possibilités. Communier au corps et au sang du Christ, lire la bible, vivre des sacrements, se rassembler pour prier ensemble, exercer la charité envers son prochain, etc… On peut s’interroger aujourd’hui, comment nous nous nourrissons-nous de la Parole de Dieu quotidiennement ? Est-ce qu’on a une bible à la maison ? Est-ce qu’on l’ouvre de temps en temps ? Il existe aussi d’autres moyens comme les petits missels Prions en Eglise, Magnificat, etc… ou encore des applications sur Smartphone. Et les sacrements ? L’Eucharistie, la Réconciliation, le sacrement des malades qui sera proposé dans notre paroisse le 13 février prochain. Comment les vivons-nous ? Et la prière ? « Lorsque 2 ou 3 sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux », c’est Jésus qui nous le dit. Où en sommes-nous de notre prière personnelle mais aussi communautaire ? En famille, avec des amis, des voisins, etc ? Et l’exercice de la charité ? La Bonne Action, la B.A de chaque jour ?
Soyons en sûrs, la Parole de Dieu n’est pas sans effet. Nous en nourrir, c’est nous laisser transformer par elle de l’intérieur. La Parole de Dieu n’est pas sans effet disais-je à l’instant. Eh oui, Dieu ne sait pas faire autrement ! Quand il parle, il agit en même temps. Quand il dit quelque chose, cela est. Rappelez-vous dans la Genèse : « Dieu dit, que la lumière soit…et la lumière fut ». Et à la messe, lorsque Jésus dit : « Ceci est mon corps, mon sang, livré pour vous… » Eh bien c’est vraiment son corps et son sang qu’il donne en nourriture à ses disciples. Et c’est ce que nous célébrons à chaque eucharistie. Et dans l’évangile de ce dimanche, on l’a entendu, Jésus enseigne avec autorité et l’on est frappé par son enseignement. Et un peu plus loin, alors qu’un homme « tourmenté par un esprit impur » se met à lui crier dessus, Jésus l’interpelle vivement et le libère de cet esprit impur. Oui vraiment, soyons en sûrs, la Parole de Dieu agit, elle est efficace, la Parole de Dieu nous libère de toutes nos chaînes qui nous enferment sur nous-mêmes. Jésus, par sa Parole, nous libère et nous guérit de toutes nos lèpres intérieures, de toutes les lèpres dont souffre notre monde. Je dis cela car aujourd’hui c’est la journée mondiale des lépreux. Prions pour eux et tous les malades. Que la Parole de Dieu vienne les libérer et les guérir.
Ainsi notre nourriture pour être des saints, pour être attachés au Seigneur sans partage, c’est la Parole de Dieu.
Une mission maintenant. Et plus précisément, LA MISSION DE PROPHETE. Lorsque que nous sommes baptisés, nous devenons prêtre, prophète et roi. C’est la triple mission de la prière (prêtre), de l’annonce (prophète) et du service (roi). Pour aujourd’hui, arrêtons-nous sur la dimension prophétique. Oui par notre baptême, nous sommes tous appelés à être des prophètes. Cela fait un bel écho avec la 1ère lecture que nous avons entendue, dans le livre du Deutéronome. Le peuple se cherche justement un prophète. Et c’est quoi un prophète ? C’est un type un peu illuminé qui grimpe sur un banc et crie des paroles apocalyptiques ?! Non ! le prophète, c’est celui qui porte, qui transmet, la Parole de Dieu. Eh bien oui, puisque nous nous nourrissons de la Parole de Dieu, nous la transmettons. Cette nourriture, nous la partageons. Dieu le promet à Moïse, Dieu nous le promet : il mettra ses paroles dans la bouche du prophète. Alors n’ayons pas peur de ce que nous avons à dire lorsque nous voulons témoigner de notre foi. N’ayons pas peur d’avoir les connaissances, ou la capacité à transmettre la Parole de Dieu. Non, le Seigneur nous l’a promis. Son Esprit Saint agit en nous, et dans notre bouche, lorsque nous voulons partager la Bonne Nouvelle, l’Evangile, il mettra ses paroles. N’attendons donc pas de faire des études ou je ne sais trop quoi… ! Soyons des saints aujourd’hui en témoignant de l’Evangile, en annonçant par toute notre vie la Bonne Nouvelle du Christ, en étant des prophètes.
Pour être attachés au Seigneur sans partage : une nourriture, la Parole de Dieu ; une mission, celle de prophète ; et enfin, un exemple, SAINT JULIEN.
Eh oui, il faut bien parler de saint Julien aujourd’hui tout de même ! Mais d’ailleurs pourquoi parler de saint Julien ? Après tout, on ne sait pas grand-chose de lui et même les historiens ne savent pas dire précisément la date de sa venue en Sarthe. Fin du 3è s. début du 4è s… ? C’est vrai, on ne sait pas grand-chose mais on sait une chose essentielle. C’est que saint Julien est le premier évêque du Mans, le premier chrétien de la Sarthe, le premier à être venu nous transmettre la foi. Ce qu’on sait, c’est que nous sommes chrétiens grâce à saint Julien. Alors ça vaut le coup de le fêter non ? Fêter saint Julien, c’est nous mettre en marche avec lui, être les dignes héritiers de ce qu’il nous a transmis. On le voit, sur cette belle icône, avec l’évangéliaire, celui de la cathédrale, de notre synode ; et puis aussi avec sa crosse, son bâton de berger avec le poisson symbole des chrétiens. Cela fait sans doute écho à ce premier miracle qu’on lui attribue. La ville du Mans souffrait de sécheresse et lui, aurait fait jaillir une source d’eau. Comme quoi, on le voit, se nourrir de la Parole de Dieu, l’évangéliaire, n’est pas sans effet ! Et dans ce miracle de l’eau qui jaillit, on peut aussi y voir l’eau du baptême qui jaillit. Ainsi saint Julien, successeur des apôtres, est venu en Sarthe pour apporter l’Evangile, alors qu’il n’y a aucun chrétien, que la Sarthe est une terre païenne.
Alors, à la suite de saint Julien, demandons au Seigneur la grâce d’être les dignes héritiers de ce qu’il nous a transmis. Demandons à saint Julien de nous aider à vivre pleinement notre vie de baptisés, notre appel à la sainteté, à être attachés au Seigneur sans partage : en nous nourrissant de la Parole de Dieu, en exerçant notre mission de prophète, en suivant son exemple et l’exemple de tous les saints qui nous ont précédés.