Textes :
« Nul n’est prophète en son pays ! » Il n’est pas jeune ce dicton bien connu… C’est Jésus qui semble l’inventer en l’accolant à un autre « Médecin soigne-toi toi-même » devant les gens de son village !
Dans des périodes aux idées incertaines, comme celle que nous traversons actuellement, les chrétiens que nous sommes ont bien souvent le réflexe, comme tout le monde d’ailleurs, de s’en faire un bouclier : « Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse : « Nul n’est prophète en son pays ! »
Pourtant, si nous sommes un peu cohérents, nous savons que notre baptême nous a consacrés “prêtres, prophète et roi avec Jésus”. La parole de Jérémie, entendue dans la première lecture, nous concerne tous : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations.»
Et les 5 enfants que nous avons accueillis dans la communauté chrétienne comme catéchumènes, hier soir à Arnage, seront appelés au jour de leur baptême à devenir des prophètes pour le monde d’aujourd’hui.
Facile à dire ! Mais en quoi et comment pouvons-nous être “prophètes avec Jésus, en notre pays, aujourd’hui ?”
Peut-être faudrait-il faire un retour sur l’évangile de dimanche dernier…
Jésus annonçait aux gens de son village qu’il était envoyé par Dieu pour « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue. Pour libérer les opprimés et annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.» (Lc 4, 18-19)
On a vu comment les gens étaient tout contents et même admiratifs.
Mais Jésus quand Jésus les prévient que le don que Dieu fait aux hommes en sa personne n’est pas réservé aux gens de sa son village mais à tous, en commençant par les personnes extérieures à la communauté… Cela énerve les frères de Jésus.
Ils voudraient sans doute profiter seuls, ou du moins en priorité, du don de Dieu.
C’est une manie chez les hommes de vouloir rester entre gens qui se connaissent et d’avoir du mal à s’ouvrir aux étrangers surtout quand il s’agit de partager avec eux !
Nous ne sommes pas à l’abri de cette tendance dans notre communauté chrétienne quand nous cherchons à réfléchir seuls les questions qui agitent notre société ou quand nous voulons nous ériger en donneurs de leçons… Jésus nous invite à la suite de son Père à nous tourner vers le monde… Là où « ses enfants sont dispersés » (cf. Jn 11,52)
Disciples de Jésus et membres de son corps nous sommes prophètes du “Royaume“. Nous sommes là pour mettre en œuvre le projet de fraternité universelle voulu par Dieu depuis la création du monde.
Comme Jésus et avec lui c’est sur le service des pauvres et des nécessiteux que se vérifiera la vérité de notre engagement.
Nous ne sommes pas tous politologues chevronnés. Peu d’entre nous ont des compétences, sociologiques, économiques ou philosophiques, pour dire ce qu’il conviendrait de faire pour aller de l’avant.
Mais tous et chacun d’entre nous, nous avons un cœur. Or, ce cœur il est fait pour aimer, chacun à son petit niveau et à sa juste place.
Ce qui est en question ici, ce n’est pas notre capacité intellectuelle mais notre capacité d’aimer… Et quoi qu’il puisse nous en coûter, ce qui nous est demandé c’est de la mettre en pratique cette capacité d’aimer.
Et c’est là qu’intervient saint Paul avec son hymne à la charité que nous avons entendu en deuxième lecture.
Saint Paul interpelle chacun d’entre nous, du plus petit au plus grand : « Recherchez avec ardeur les dons les plus grands… Je vais (même) vous indiquer le chemin par excellence », nous dit-il : « S’il me manque l’amour, je ne suis rien ! »
Et le voilà parti dans son hymne à l’amour que l’on ne se lasse pas d’entendre et de réentendre… : « Si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante.»
Je fais du bruit, je vais peut-être même faire le buzz, mais je suis creux comme un bidon vide !
Au Cameroun les gens disaient : « S’il me manque l’amour je ne suis qu’un gongon.. ». Vous savez ces gros bidons d’huile de 200 litres qui rendent un son mat quand ils sont pleins et qui sonnent creux et moches quand ils sont vides ! Nous sommes pareils : Quand nous sommes pleins de nous-mêmes nous sonnons mat et quand nous sommes vides d’amour nous sonnons creux et moche !
Je voudrais faire avec vous un petit exercice en partant du texte de Saint Paul que vous avez sous les yeux dans la deuxième lecture…
Je vais changer, dans le texte de St Paul le mot “amour” par un nom propre…
Cela nous donnera le programme de ce que à quoi nous devons tendre pour être prophète en notre pays et mettre en œuvre le Royaume de Dieu ici et maintenant ! :
J’aurai pu prendre le nom de Martin parce que ce matin nous avons travaillé sur le personnage de Saint Martin de Tours avec les enfants du Caté, mais comme aujourd’hui c’est la Sainte Claudine (soit dit en passant : Bonne fête à toute les Claudine !) je vais prendre le nom de Claudine… J’aurais aussi pu prendre mon prénom ou celui de n’importe qui ici, peu importe…
Vous pourrez refaire l’exercice chez vous… Cela peut aider parfois à corriger le tir quand les choses sont mal parties !
Allons-y, prenez votre feuille si vous voulez suivre : (On prend à partir du deuxième paragraphe de la deuxième page …)
« Claudine aurait beau distribuer toute sa fortune aux affamés, elle aurait beau se faire brûler vive, s’il lui manque l’amour, cela ne lui sert à rien.
Claudine prend patience ; Claudine rend service ; Claudine ne jalouse pas ; elle ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; elle ne fait rien d’inconvenant ; elle ne cherche pas son intérêt ; Claudine ne s’emporte pas ; elle n’entretient pas de rancune ; elle ne se réjouit pas de ce qui est injuste ; Mais elle trouve sa joie dans ce qui est vrai ; Claudine supporte tout, elle fait confiance en tout, elle espère tout, elle endure tout. Claudine ne passera jamais.» !
« Va et toi aussi fais de même ! » (Lc 10,37) nous dit Jésus… et « passant au milieu d’eux, il allait son chemin »...