Textes :
– Is 40, 1-5.9-11
– Ps 84 (85), 9ab.10, 11-12 – 13-14
– 2 P 3, 8-14
– Mc 1, 1-8
« Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.»… !
Vous savez comme moi que les peintres ou les cinéastes ont souvent représenté Jean-Baptiste comme une espèce d’exalté hirsute et un peu hystérique, vociférant et provocateur !
Franchement ce n’est pas l’idée que je me fais de lui… Jean était un radical oui, certainement. C’est-à-dire un croyant pour qui la foi touche et irrigue la racine même de son être, mais de là à en faire un forcené il y a une marge !
Il n’y a que les journalistes et les bavards pour associer le mot radical à celui d’extrémisme ! A force d’abus de langage on finit par faire du mot radical un quasi synonyme de dangereux ou de “terroriste”.
Si je reprends la définition qu’en donne le Larousse, je trouve : “Qui appartient à la nature profonde, à l’essence d’un être ou d’une chose”, ou bien “Qui présente un caractère absolu, total ou définitif”.
Je ne vois pas ce qu’il y a de mauvais là-dedans à moins d’avoir pour idéal de vivre comme le papillon : à la surface des choses et de façon bien éphémère !…
Par notre baptême nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ, pour mourir à nous-mêmes et renaître à la vie nouvelle… Quoi de plus radical ?
C’est la racine même de notre vie qui s’en trouve renouvelée par la Vie Nouvelle !
En plagiant un artiste contemporain (dont nous avons un peu beaucoup entendu parler ces derniers jours !), je voudrais qu’on n’oublie pas que, depuis le jour de notre baptême, « nous avons tous en nous nous quelque chose de Jésus-Christ ! »
Alors que faisons-nous de notre baptême ?
Certains d’entre nous se souviennent peut-être de l’interpellation du Saint Pape Jean-Paul II, lors de son premier voyage en France en 1980 : “France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême?” Il ajoutait : “Es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ?” S’excusant presque de nous bousculer, il poursuivait : “Pardonnez-moi cette question. Je l’ai posée comme le fait le ministre au moment du baptême. Je l’ai posée par sollicitude pour l’Eglise […/…] et par amour pour l’homme dont la grandeur définitive est en Dieu, Père Fils et Saint-Esprit.”
Radical, nous dit encore le Larousse, “se dit d’un genre d’action ou de moyen très énergique, très efficace, dont on use pour combattre quelque chose : en prenant l’exemple d’une action radicale contre la fraude…”
Par sa parole et son style de vie, Jean-Baptiste nous invite effectivement à une conversion radicale qui ouvre nos vies au Christ ! : « Jean parut dans le désert »… « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin… » « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. »
Où sont les Jean-Baptiste d’aujourd’hui ? Où sont les messagers qui ouvrent le chemin du Seigneur dans les déserts de notre monde qui ne sont pas le Kalahari, le Sahara ou le désert de Gobi mais bien les rues et les quartiers d’Allonnes et d’Arnage ? Où sont les “disciples missionnaires” dont le Christ a besoin pour se faire connaître ? Avons-nous oublié que la Bonne Nouvelle n’est pas une évidence et qu’elle a besoin d’être explicitement annoncée ? Qui va annoncer l’humble venue du Prince de la paix au milieu de cette cacophonie financière qu’est devenue la fête de Noël ?
Qui va prendre le relais d’Isaïe, que nous avons entendu dans la première lecture, pour « parler au cœur Jérusalem » et annoncer au peuple la consolation ?
Jérusalem ne sera-t-elle jamais plus que le lieu de division et de conflits de pouvoir ou d’influence où les plus forts auront le dernier mot comme certains voudraient nous le faire croire encore récemment ou redeviendra-t-elle un jour ce lieu d’appel à la paix ? Ecoutons ce qu’en disait le Pape François le 6 décembre dernier : « Je ne peux taire ma profonde préoccupation pour la situation qui s’est créée ces derniers jours, et en même temps j’adresse un appel vibrant afin que l’engagement de tous soit de respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les Résolutions pertinentes des Nations Unies. Jérusalem est une ville unique, sacrée pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, qui vénèrent en elle les Lieux Saints de leurs religions respectives, et elle a une vocation spéciale à la paix. Alors que nous attendons la venue en notre monde du Prince-de-la Paix, j’invite les catholiques à intensifier leur prière à cette intention en communion avec les communautés chrétiennes présentes en Terre Sainte.»
La ville de Jérusalem est le symbole de la Jérusalem d’en haut dont Saint Paul nous dit qu’elle est notre mère et nous enfante à la liberté ! (cf. Gal 4,26)
« Allumer le feu ! » entendait-on tous ces derniers jours à la radio ! Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit « Je suis venu allumer un feu sur la terre » nous dit Jésus ! Mais ne nous trompons pas de feu… c’est le feu de l’amour que Jésus vient allumer en faisant de nous les membres de son corps… Nous sommes les torches qu’il se propose d’allumer pour baliser la route, quand il nous dit « Je suis la lumière la lumière du monde, vous êtes la lumière du monde… C’est de lui que nous tirons la lumière qui nous permet de « monter sur une haute montagne et de porter la Bonne Nouvelle » et de « préparer les chemins du Seigneur »…
Dieu est patient nous rappelait Saint Paul dans la deuxième lecture, parce qu’il veut qu’aucun ne se perde mais n’abusons pas de sa patience… N’attendons pas l’Apocalypse pour nous réveiller… « Réveille-toi ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts et le Christ t’illuminera ! » (Eph 5,14)
Le monde a soif de la révélation des fils de Dieu ! Si nous voulons que du ciel « se penche la justice », alors « faisons germer la vérité de la Terre »…
C’est d’abord et avant tout cela préparer Noël ! Alors oui, « le Seigneur donnera ses bienfaits et notre terre donnera son fruit » !