Homélie du 11 avril 2021 (Antoine)

1ère lecture : Acte des Apôtres 4, 32-35
Psaume 117
2ème lecture : 1ère lettre de saint Jean 5, 1-6
Evangile : Jean 20, 19-31

Soyons des apôtres de la miséricorde !

Chers frères et sœurs, soyons des apôtres de la miséricorde. Voilà ce à quoi nous invitent les textes et la liturgie de ce jour, en ce 2ème dimanche de Pâques, dimanche de la miséricorde divine, tel qu’il a été institué par le pape saint Jean-Paul II en l’an 2000 pour la canonisation de la religieuse Polonaise Faustine Kowalska (c’est-à-dire lorsqu’elle a été déclarée sainte par l’Eglise).

Le 2ème dimanche de Pâques est aussi appelé « dimanche in albis ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie le « dimanche en blanc ». En effet, dimanche dernier, dans la nuit de Pâques, Helena, Sheldina et Lucas ont été baptisé et ont été revêtu du vêtement blanc. Le vêtement de la Résurrection, du Christ ressuscité. Et nous tous qui avons été baptisés en Christ, nous avons revêtu le Christ, Alléluia ! Traditionnellement, les nouveaux baptisés, appelés les néophytes, portaient ce vêtement blanc durant toute la semaine jusqu’au dimanche suivant, c’est-à-dire aujourd’hui. Et alors, ils déposaient ce vêtement blanc. Non pas pour le mettre au placard ! Non ! Il s’agit de déposer le vêtement blanc du ressuscité pour en revêtir le monde, pour recouvrir tous nos frères et sœurs en humanité vers lesquels nous sommes envoyés du vêtement blanc de la Résurrection, de la joie de Pâques.

Comment témoigner de cette joie Pascale, de la vie du Christ ressuscité ? Comment donner et recouvrir le monde, les hommes et les femmes de notre temps vers lesquels nous sommes envoyés, comment les recouvrir de ce vêtement blanc du ressuscité ?

En étant des apôtres de la miséricorde.

Apôtres. Le mot « apôtres » veut dire « envoyés ». Dans l’Evangile, nous entendons le Christ : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Recevez l’Esprit Saint… » Tout d’abord, être des apôtres, c’est être envoyés par le Christ, recevoir de lui l’Esprit Saint pour témoigner de sa vie.

Comment vivre en apôtres ? Pour cela, la 1ère lecture peut nous donner des pistes. En effet, le livre des actes des apôtres nous raconte comment vivaient les premiers apôtres, les premiers chrétiens. Il nous est dit qu’ils « avaient un seul cœur et une seule âme » et qu’ils « avaient tout en commun » pour partager leurs biens « en fonction des besoins de chacun ». Ainsi être des apôtres, c’est être des hommes et des femmes de prière, et des hommes et des femmes qui prennent soin de leur prochain.

Pour nous-mêmes, nous pouvons nous interroger. Dans notre communauté, nous sommes invités à mettre en commun nos biens, matériels mais aussi spirituels, humains, etc. Mettre en commun nos talents, nos charismes, pour les partager selon les besoins de chacun.

Des apôtres…de la miséricorde. Dans le mot « miséricorde », on entend « misère » et « corde », c’est-à-dire « cœur ». La miséricorde, c’est le cœur de Dieu qui se penche sur la misère de l’homme. C’est l’amour de charité, de compassion. C’est aimer du plus profond de nos entrailles, aimer de tout notre cœur, de toutes nos forces. Aimer jusqu’à donner notre vie.

Et cette fois, c’est la 2ème lecture qui nous éclaire. « Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements ». Ainsi, il n’y qu’un seul commandement qui est double : aimer Dieu, aimer son prochain. Dans l’évangile selon saint Jean, le Christ dit à ses disciples : « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaitront que vous êtes mes disciples ». Chers frères et sœurs, un sacré défi nous attend. C’est à l’amour que nous avons les uns pour les autres que nous sommes reconnus comme disciples du Christ, que nous témoignons de notre foi en Jésus vivant.

Vous trouverez dans vos feuilles de messe un petit papier avec les 7 œuvres de miséricorde corporelles et les 7 œuvres de miséricorde spirituelles rappelées par le pape François lors de l’année de la miséricorde, il y a quelques années. Ce sont tous simplement la mise en œuvre pratique des œuvres d’amour données dans l’Evangile. Alors peut-être que nous pourrions les relire et en choisir l’une ou l’autre à mettre en pratique pour être des apôtres de la miséricorde.

L’Evangile de ce jour nous donne un exemple d’apôtre, en la figure de saint Thomas. Il nous est dit que son nom signifie « jumeau ». Et pourtant rien ne nous est dit de ce jumeau. Et ce n’est pas par hasard que l’évangéliste a pris le soin de nous dire que « Thomas » signifiait « jumeau ». Alors qui est-il ce jumeau ? Eh bien peut-être est-ce chacun d’entre nous. Peut-être que nous sommes, chacun et chacune, appelé à être le jumeau de Thomas. Sans s’arrêter sur le fameux doute de Thomas. Mais plutôt sur celui qui touche le Christ. Sur celui qui vient s’abreuver au cœur de Jésus d’où jaillissent l’eau et le sang, qui inaugurent la vie de l’Eglise, la vie des sacrements, la grâce de Dieu qui se répand, la vie divine qui coule pour abreuver le monde. Celui qui touche le Christ, celui de qui le Christ se laisse toucher et qui nous donnera l’une des plus belles confessions de foi du Nouveau Testament « mon Seigneur et mon Dieu ».

Clara, tu vas aujourd’hui communier pour la première fois. C’est-à-dire que tu vas toucher le corps de Jésus toi aussi, tu vas même le manger. Quand le Père Grégoire élèvera l’hostie qui deviendra le corps du Christ, regarde-le, fixe-le, et dans ton cœur tu pourras dire « mon Seigneur et mon Dieu ».

Plus proche de nous, une apôtre de la miséricorde est sainte Faustine Kowalska, religieuse Polonaise qui a vécu de la miséricorde divine et en a été un grand témoin. On peut retenir de son message cette phrase qui fut pour elle comme le battement de son cœur : Jésus, j’ai confiance en toi.

Laissez-moi vous partager un petit témoignage. Le week-end dernier, avec Père Grégoire, nous avons été visiter un de nos paroissiens malade, en fin de vie, Gilles. Gilles est aphasique, c’est-à-dire qu’il a de grandes difficultés d’expression. Il parvient seulement à dire quelques mots mais très difficilement compréhensibles. Eh bien, il y a une phrase qu’il répète très souvent et qui, elle, est parfaitement compréhensible : « Jésus, j’ai confiance en toi ».

Avec une grande confiance en Jésus, chers frères et sœurs, soyons des apôtres de la miséricorde.

Pour conclure cette homélie, je ne sais pas vous le savez mais dans quelques jours va s’ouvrir pour nos frères et sœurs musulmans le temps du Ramadan. Long temps de prière, de jeûne et de partage pour se rapprocher de Dieu et de son prochain. Eh bien, figurez-vous que le Coran ainsi que 113 sourates sur 114 qui le constituent, commence ainsi : « Au nom d’Allah (c’est-à-dire Dieu en arabe) le tout miséricordieux, le très miséricordieux ». Et nous, nous fêtons aujourd’hui la miséricorde divine. On n’est pas très loin non ?!

Alors n’ayons pas peur d’accueillir le Christ ressuscité qui vient malgré les portes verrouillées dire par trois fois aux disciples « la Paix soit avec vous ! ». N’ayons pas peur de briser les verrous de nos cœurs, d’ouvrir les frontières de l’amour pour être des apôtres de la miséricorde en étant des artisans de paix !

AMEN !

 

 

« J’ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine. La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces œuvres de miséricorde, pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples.

Redécouvrons les œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts.

Et n’oublions pas les œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts. »

Pape François