« Réveille-toi, ô toi qui dors ! Relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera ! »
Voici les mots de Saint Paul repris dans une très vieille homélie pour le Samedi Saint. Samedi Saint, ce jour de silence, ce long jour d’attente, du silence de Dieu qui gît au tombeau en son Fils Jésus.
Qu’il fut long chers frères et sœurs ce Samedi Saint qui a duré deux ans avant que nous puissions, cette nuit enfin, nous rassembler pour célébrer la grande nuit sainte entre toutes, la nuit de Pâques.
Silence de Dieu, comme au septième jour de la Création, jour du grand sabbat où Dieu se repose après avoir vu que tout ce qu’il avait créé était très bon.
Oui mais ce matin nous sommes dans la joie, car ce grand « sabbat est terminé », c’est l’évangéliste Marc qui nous le dit dans l’Evangile que nous venons de proclamer.
Le sabbat est terminé et nous nous sommes réveillés de bonne heure pour célébrer la Résurrection du Christ.
Tous nos sens sont mis en éveil pour vivre pleinement ce réveil du Christ. Notre vue avec le cierge pascal qui est venu illuminer notre nuit ; notre odorat avec ce parfum d’encens et tout à l’heure le parfume du Saint Chrême dont seront marqués Helena, Sheldina et Lucas, le parfum de la bonne odeur du Christ ; notre ouïe avec toutes ces lectures de la bible que nous avons longuement écoutées, cette écoute de la Parole de Dieu pour nous raconter l’histoire du Salut, de l’Alliance entre Dieu et les hommes ; notre goût lorsque tout à l’heure nous mangerons le pain de vie éternelle, le corps du Christ qui se donne en nourriture et que vous recevrez pour la première fois Helena, Sheldina et Lucas ; enfin le toucher, lorsque nos catéchumènes seront plongés dans l’eau du baptême et nous tous en seront aspergés, recevant la grâce de l’eau baptismale. Oui tous nos sens sont mis en éveil pour que nous vivions pleinement ce mystère de la Résurrection.
Le sabbat est terminé et nous sommes venus de bonne heure ce matin, à la suite de ces trois femmes nommées dans l’Evangile. Ces trois femmes, l’évangéliste Marc les nomme déjà dans le récit de la Passion que nous avons entendu dimanche dernier, pour les Rameaux. Marc nous dit qu’elles ont suivi Jésus dans sa mission terrestre, ces trois femmes Marc nous dit aussi qu’elles étaient présentes au pied de la croix, de Jésus crucifié, alors que tous ses amis, ses disciples se sont cachés par crainte d’être arrêtés. Ce matin nous allons avec ces trois femmes au tombeau. La pierre a été roulée et le tombeau est vide. Les femmes y rencontrent un jeune homme nous dit l’évangéliste Marc. Tiens, cela ne vous rappelle rien ? Dimanche dernier, dans le récit de la Passion, il était déjà question d’un jeune homme qui, lors de l’arrestation de Jésus au jardin des oliviers, le jeudi saint, s’était enfui par peur d’être arrêté, et s’était enfui nu, en laissant son vêtement. Ce matin nous retrouvons un jeune homme. Qui est-il ? Est-ce l’évangéliste Marc qui a voulu s’immiscer dans son récit ? Est-ce un ange ? Ou bien est-ce chacun de nous ?
La semaine dernière, j’avais proposé à notre méditation pour cette semaine sainte, de nous demander avec quel vêtement nous nous rendrions devant le Christ pour célébrer la grande fête de sa Résurrection. Serait-ce le vêtement de la lâcheté comme ce jeune homme qui s’enfuit ? Le vêtement de la colère déchiré par le grand prêtre devant la condamnation à mort d’un innocent ? Le vêtement de l’humiliation dont fut revêtu le Christ ? Vêtement de jalousie et de vol lorsque les soldats se le sont partagés ? J’avais aussi évoqué un autre vêtement. Celui de la miséricorde, celui acheté par Joseph d’Arimathie pour envelopper le cadavre du Christ mis au tombeau.
Ce matin, l’évangile nous dit que le jeune homme est vêtu de blanc. Ce vêtement, c’est le vêtement du ressuscité, le vêtement de la Résurrection. Oui, nous sommes tous marqués par notre histoire et ses blessures, tous marqués d’un vêtement de lâcheté, de colère, de jalousie, etc. Mais tous, comme vous Helena, Sheldina et Lucas qui allez revêtir le vêtement blanc de la Résurrection après votre baptême, tous nous sommes revêtus du vêtement de la Résurrection. St Paul dira que nos corps corruptibles sont revêtus du vêtement d’incorruptibilité. C’est cela le vêtement blanc de la Résurrection, nous sommes revêtus du Christ, qui jamais, malgré toutes nos blessures, jamais ne nous lâchera.
Alors chers frères et sœurs, n’ayons pas peur ! Ne soyons pas effrayés ! N’ayons pas peur d’annoncer cette grande nouvelle de la Résurrection ! Le Christ « nous précède en Galilée », c’est-à-dire dans nos maisons, nos quartiers, nos familles, nos écoles, nos lieux de travail… Alors allons proclamer sans crainte, vêtus de notre vêtement blanc de ressuscité, allons proclamer que Christ est ressuscité ! Oui il est vraiment ressuscité Alléluia !